dimanche 9 août 2009

Quand le cancer disparait tout seul!

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Bon à savoir. C'est très rare, mais il arrive que des tumeurs disparaissent sans l'intervention des médecins. C'est le cas dans certaines leucémies et cancer du rein.

Régression spontanée. Soit l'histoire d'un cancer qui surgit, se développe, entraîne parfois des métastases, avant de disparaître sans laisser de traces… et sans que l'action du corps médical y soit pour quelque chose. En l'absence de recensement systématique des cas de régressions spontanées, il apparaît que celles-ci sont très rares dans les cancers les plus classiques comme celui du sein : moins d'un cas sur 100 000. En revanche, il existe quatre formes de cancers spécifiquement concernés par ce phénomène : le neuroblastome (tumeur du système nerveux de l'enfant), la leucémie transitoire, le cancer du rein et le mélanome.
Le plus urgent : Trouver une méthode capable de repérer les patients qui auront la chance de bénéficier d'une régression spontanée et éviter ainsi des traitements inutiles. Olivier Delattre, responsable de l'unité Génétique et biologie des cancers de l'Institut Curie (Paris), est spécialiste du neuroblastome, le plus fréquent des cancers chez les enfants de moins de cinq ans en dehors des leucémies. Cet ensemble de tumeurs s'attaque aux nerfs qui partent de la colonne vertébrale. Jusqu'à 10 % de ces cancers peuvent faire l'objet de régressions spectaculaires. Le processus qui dure quelques mois peut passer totalement inaperçu. Il peut aussi s'enclencher à un stade où les métastases ont envahi tout l'organisme. Aujourd'hui, la situation est paradoxale car la maladie peut être bien trop grave pour qu'un médecin choisisse d'attendre avant de traiter. La grande majorité des régressions « spontanées » se produit en fait après l'administration de molécules actives.
Rôle du système immunitaire
Or, pour la première fois, Olivier Delattre a pu dresser le portrait-robot des cancers les plus susceptibles de régresser sans l'aide des médecins : « Lorsque les chromosomes des cellules cancéreuses ne présentent pas de cassures, le pronostic est très bon. Dans notre analyse portant sur plus de 200 cas, tous les cas présentant ce type de chromosomes ont régressé. » Le typage génétique des tumeurs devrait permettre d'offrir un traitement plus adapté. Les résultats sont trop préliminaires pour choisir de ne pas traiter, mais, à terme, ils pourront conduire à diminuer les doses. Même espoir pour le professeur André Baruchel, hématologue à l'hôpital Saint-Louis, un des spécialistes mondiaux des leucémies transitoires de l'enfant. Cette forme de leucémie aiguë touche presque exclusivement les enfants atteints de trisomie 21. 10 % de ces nouveau-nés développent une forme grave et impressionnante de leucémie qui régresse pourtant dans la majorité des cas !
Le corps médical ne connaît pas encore la ou les mutations qui se cachent derrière ces différences. Néanmoins, il est envisagé de traiter ces enfants dès le stade de leucémie transitoire avec de toutes petites doses de chimiothérapie pour voir si l'on prévient l'apparition de la « vraie leucémie ». Si la génétique apporte des indications précieuses, le contexte biologique à partir duquel se déclenche la régression continue d'échapper aux médecins. La croissance de l'enfant, en modifiant l'organisme, pourrait bloquer le développement des cellules cancéreuses.
Mais pour voir émerger une hypothèse valable pour tous les cancers et quel que soit l'âge du patient, il faut regarder du côté des recherches sur les cellules souches. Les biologistes ont découvert que les cancers humains ont en commun de renfermer ce type de cellules. Capables de se diviser à l'infini, elles constitueraient le socle de la prolifération cancéreuse.
À l'inverse, il est possible que les cancers « régressifs » en soient dépourvus. Résultat, le stock de cellules cancéreuses s'épuiserait petit à petit, sans possibilité de se renouveler et le cancer disparaîtrait de lui-même. Mais dans le cas du mélanome, la piste la plus explorée à ce jour porte sur une destruction des tumeurs par le système immunitaire. Génétiquement modifiée, une race de cochon développe des mélanomes avant de les voir régresser dans l'année qui suit. Ce qui est rarissime chez l'homme est quasiment systématique chez cet animal. Et le système immunitaire serait la clé de cette efficacité redoutable contre les tumeurs. Dans son laboratoire de la Wake Forest University (Caroline du Nord, Etats-Unis), Zheng Cui teste une méthode encore plus radicale : la greffe de système immunitaire « anti-cancer » d'un animal à l'autre.
Il y a deux ans, le biologiste a mis au point par modification génétique une famille de souris « tueuses de cancer ». Lorsqu'une tumeur particulièrement agressive est greffée sur le rongeur, son organisme en vient à bout en trois semaines… et non l'inverse. L'étude de régressions rarissimes saura-t-elle faire émerger un jour des traitements inédits et applicables au plus grand nombre ? C'est bien l'enjeu de ces recherches originales.
D'après Caroline Tourbe

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