mardi 25 août 2009

Pleurer la mort sur You tube

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Sur Youtube, on assiste à un raz de marée de vidéos de deuil sur lesquelles l'internaute reste scotché tel l'automobiliste appuyant sur le frein en voyant un accident sur une départementale.

Vous avez ci-dessus rendu hommage à Estelle, 15 ans, qui nous a quitté pour des motifs non-mentionnés il y a deux ans.

Estelle, une belle fille...

Jeune, dans la force de l'age : elle portait du Von Dutch et de fausses lunettes Dior.

Je ne sais pas ce que l'avenir lui réservait, probablement quelque chose situé entre rien et une participation à Secret Story, mais Estelle correspond physiquement à un type de filles que beaucoup de lecteurs ont identifié à la simple vue des photos : la petite amie potentielle de notre adolescence sur laquelle on s'est brisé les dents.

De par cet imaginaire douloureux, on fait d'Estelle une fille entière, dont on imagine en quelques secondes l'adolescence provinciale, les sorties du samedi, et l'avenir brisé.

Une destinée dramatique et implacable qui fait qu'on a tous une larme pathétique au bord de l'oeil à la fin de la vidéo.

Ainsi va la vie sur internet : on rend hommage en toute bonne foi, mais sans trop d'intimité.


Hommage à Laurie, morte à 19 ans des suites d'une
maladie


"RIP petit ange". "Repose en Paix", "JTM". "On pense à toi".

Les formules sont toutes faites et pour cause : on n'a jamais plus besoin d'automatismes qu'en face de la mort, cette aventure parmi les autres par laquelle nous nous devrons tous de passer d'un jour à l'autre.

Devant cet inébranlable point de chute dont on ne connaitra rien jusqu'au dernier moment, on assiste avec compassion au glas des "autres".

Les "autres", ceux qui nous sont si proches sur internet : comme des semblables, mais qu'on n'aurait jamais rencontré.



Hommage à Kim, tuée sur la route, par sa soeur


Ces morts sont pourtant dans nos propres vies : on a tous vécu le sort reservé à un proche parti trop tôt, et si cela ne vous est pas encore arrivé, c'est que vous n'êtes pas encore entré dans le monde merveilleux des adultes.

Internet n'est finalement rien de plus que le reflet de nos vies dans ce qu'elles ont souvent de plus terré : sous couvert d'anonymat, on y révèle ses secrets enfouis, ses plus bas instincts, et ses blessures profondes.

La mort fait partie de ces thèmes interdits au quotidien qui se sont normalisés en ligne, et dont chacun voudrait appréhender le moment fatidique, à moins d'être diamétralement croyant.


Pour avoir perdu mon beauf il y a peu, je sais de quoi je parle, mettre une vidéo en ligne c'est probablement sa manière de rendre hommage quand on a des regrets car c'est quand ils sont morts qu'on se dit j'aurai pu mieux faire.

C'est aussi l'occasion de redire, ne faites pas les cons sur la route, ne faites pas les cons avec votre santé.


Et surtout, n'attendez pas qu'ils soient morts pour leur dire JE T'AIME.

Internaaze


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1 commentaire:
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  1. Oui, mais quel manque de pudeur, tout de même ! La mort, c'est une affaire intime. Et quand on souffre, on peut écrire un article de blog dessus, par exemple, pour lui rendre hommage, mais, surtout, exhiber ses dernières images à tout le monde, ça, c'est trop ! Vous ouvrez votre ordinateur et vous retombez sans arrêt sur les images du disparu ou de la disparue... C'est trop douloureux, trop horrible ! Au delà de mes forces et de ma résistance. J'ai une fois parlé de la déchirure de l'absence dans mon blog... Une fois, seulement, et j'en ai plus pleuré qu'autre chose. Je ne recommencerai jamais. Ca fait trop mal, alors, envoyer des films sur la personne disparue, pensez donc !!!
    Tinky, affligée par ces gens qui n'ont plus notion de quoi que ce soit, et surtout pas de leur dignité.

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