samedi 22 août 2009

Merveilleux odorat


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Les deux narines peuvent se faire concurrence. Quand elles sont exposées chacune à un parfum différent, la personne perçoit les deux odeurs alternativement.

Si vous mettez un flacon de parfum sous une narine et que vous exposez dans le même temps l'autre narine à une odeur très différente, vous les sentez alternativement mais vous ne les sentirez jamais ensemble. C'est la découverte surprenante que viennent de faire deux chercheurs de l'université Rice à Houston (États-Unis). «Au lieu de percevoir un mélange des deux odeurs, les personnes les perçoivent l'une après l'autre de façon dissociée. Tout se passe comme si les deux narines rivalisaient entre elles», résume Denise Chen (Current Biology, en ligne).

La plupart des expériences sur l'odorat considèrent le nez comme un tout. Denise Chen et sa collègue Wen Zhou sont les premières à étudier comment les narines se partagent la tâche. «Cette nouvelle façon d'aborder le système olfactif ouvre des perspectives très prometteuses», reconnaît Jay Gottfried, de l'université de l'Illinois, à la revue américaine The Scientist.

Les laboratoires de neurosciences qui travaillent sur l'odorat ont à leur disposition près de deux cents parfums. Denise Chen a choisi pour ses expériences deux parfums très différents : la rose et le butadène que l'on retrouve notamment dans l'encre des gros stylos marqueurs. Pas possible pour les douze personnes ayant participé à l'étude de les confondre.

L'expérience met de manière éclatante la prédominance du cerveau dans le domaine de l'odorat. En effet, toutes les personnes ont expliqué qu'elles sentaient successivement l'une ou l'autre de ces deux odeurs alors qu'elles les avaient pourtant toutes les deux sous le nez. Sans surprise, l'expérience a montré aussi que certaines personnes sont plus sensibles au parfum de rose qu'à l'odeur de butadène. Dans ce cas-là, ils les perçoivent plus longtemps.

Peu développé chez l'homme

Autre découverte étonnante, les deux narines ont un certain degré d'autonomie. Si une des narines est exposée à l'odeur de butadène ou de rose et que, peu après, celle-ci est présentée une nouvelle fois à la même narine, l'individu ne la sent plus ou presque plus en raison d'un phénomène d'adaptation bien connu des spécialistes. En revanche, si le même flacon de parfum est placé sous l'autre narine, la personne y est cette fois beaucoup plus sensible.

«Ces expériences sont simples à faire et ne nécessitent pas de gros matériels», reconnaît Jean-Pierre Royet, du laboratoire des neurosciences sensorielles (CNRS-université de Lyon-I). Les recherches sur l'olfaction marquent le pas par rapport à celles faites sur la vue ou l'audition. L'odorat est en effet beaucoup moins développé chez l'homme que chez l'animal. Chez les papillons, par exemple, les mâles peuvent percevoir une unique molécule émise par une femelle à un kilomètre de distance.

Les expériences pour étudier la vue ou l'audition sont matériellement plus faciles que celles sur l'odorat. Les flacons de parfum sont coûteux et doivent être renouvelés régulièrement toutes les trois semaines. Autre contrainte, les cobayes ne doivent pas être enrhumés.




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