Les murs, en se décomposant, laissent des traces dans le sol à partir desquelles on crée un plan. : La Voix du Nord
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Les traces d'une nécropole mérovingienne et d'une ferme gallo-romaine ont été découvertes dans le quartier de Merchin à Lesquin, où se construit un nouveau lotissement.
PAR VIRGINIE CARTON
Un tout nouveau lotissement, des briques qui sentent encore le ciment frais, des grues encore en train de travailler, et un terrain en friche, boueux, entouré de barrières de fer, ornées d'un écriteau : « Chantier interdit au public. » On devine des bâches, des trous rebouchés. Mais rien ne peut indiquer que quatre-vingt-dix-sept tombes datant du Ve au VIIe siècle, dorment là. Une véritable nécropole mérovingienne, découverte par les équipes de l'Institut national de recherche archéologique préventive (INRAP), basée à Villeneuve-d'Ascq. Elles travaillent sur le site depuis la naissance de ce nouveau lotissement de 70 maisons, dit « ZAC du Mélantois », en août 2008.
Chantier en suspens
Après l'acquisition des terres par un promoteur, l'INRAP engage des fouilles. Si elles s'avèrent fructueuses, les archéologues doivent alors prouver l'intérêt de leurs trouvailles et expliquer en quoi l'étude approfondie du site peut faire avancer les recherches historiques, afin d'obtenir la suspension d'un chantier. C'est ce qui s'est passé ici.
« Cet hiver, on a vu des gens travailler sur le terrain, et puis ils ont tout arrêté. Il paraît que même sous nos maisons, on a retrouvé des objets de l'époque de Vercingétorix », confie une nouvelle habitante. Carole Quevel, archéologue, sourit : « Non, c'est faux. Par contre, ce que l'on a trouvé et qui est rare, c'est un habitat mérovingien carolingien annexé au cimetière. Souvent, les deux sont séparés. Dans notre cas, les gens qui ont vécu là sont enterrés là. » Les nouvelles maisons sont construites sur les vestiges de ces habitats, qui ne sont qu'à 70 mètres de profondeur. La nécropole est en cours d'étude pour quelques jours encore. Mais n'allez pas imaginer que l'on bute sur les cercueils ou que les os ressortent de partout : « Les sols ici sont pleins de limons qui ont attaqué le bois et les os. Ne restent que des traces qui se traduisent par une couleur différente du sol. Sur les 97 corps, on en a retrouvé à peine quatre. Nous lavons les os puis nous les transmettons à un anthropologue pour qu'il les étudie. » Une fois le travail terminé, un parking recouvrira ce site... À quelques dizaines de mètres de là, sur la même ZAC, derrière l'ancienne Galiote de Lesquin, l'équipe a fait une autre découverte : celle d'une ferme rectangulaire gallo-romaine. « Nous avons décapé le sol, nous l'avons limé avec des pelles mécaniques. C'est ainsi que nous avons découvert son empreinte. Comme les murs de la ferme étaient en bois et torchis, il n'en reste que des traces sombres. Un topographe en a fait un relevé puis une carte à partir de laquelle nous travaillons. » Une fois toutes les informations historiques utiles relevées, le site sera rendu au public, pour la construction d'un entrepôt. Le chantier archéologique devrait se terminer fin juin. •
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