jeudi 18 juin 2009

Dépister Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions cérébrales. Elle affecte généralement les personnes de plus de 65 ans et s'accompagne d'une panoplie de symptômes très pénibles. En Europe plus de cinq millions d’individus en souffrent et ce nombre devrait doubler dans les 20 ans. A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitements susceptibles de la soigner mais certains médicaments peuvent freiner son évolution.

Malheureusement, il n’existe pas non plus d’examens permettant d’affirmer la réalité de la maladie, seule l’étude anatomo-pathologique du cerveau après le décès conduit à un diagnostic définitif. Les médecins s’appuient donc sur un faisceau d’indices pour la dépister. Cette situation conduit souvent à des retards dans la prise en charge puisque le diagnostic dépend de l’efficience du médecin. Des chercheurs de l'Université McGill et de l'Institut Lady Davis pour la recherche médicale associé à l'Hôpital général juif (HGJ) de Montréal ont découvert une nouvelle technique de diagnostic qui pourrait considérablement simplifier la détection de la maladie d'Alzheimer.

Leurs résultats ont été publiés le 8 juin dans le Journal of Alzheimer's Disease. Pour diagnostiquer la maladie, ils ont utilisé une nouvelle technique très peu invasive appelée biospectroscopie proche infrarouge pour identifier les modifications dans le plasma sanguin des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Ces modifications sont détectables très tôt après qu'elles se soient produites, peut-être même pendant les phases précliniques de la maladie.

La biospectroscopie est l'équivalent médical de la spectroscopie, la science de la détection de la composition des substances qui utilise la lumière ou d'autres formes d'énergie. Lors d'une spectroscopie proche infrarouge, différentes substances émettent ou réfléchissent de la lumière selon des longueurs d'ondes spécifiques détectables.

Lors de cette étude, les chercheurs ont appliqué une lumière proche infrarouge à des échantillons de plasma sanguin prélevés sur des patients souffrant de démence précoce et de déclin cognitif léger, un état intermédiaire entre la cognition normale et la démence, et sur des sujets de contrôle âgés, en bonne santé. En utilisant cette technique, ils ont pu différencier les cas d'Alzheimer des sujets de contrôle en santé avec une sensibilité de 80 pour cent (identification juste des patients atteints de la maladie) et une spécificité de 77 pour cent (identification juste des personnes non atteintes).

Un nombre significatif de sujets atteints de déclin cognitif léger ont été testés positivement au sein du groupe de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, ce qui indique que le test pourrait être capable de détecter la maladie d'Alzheimer avant même que les symptômes des patients n'atteignent les critères cliniques de la démence.

Depuis des décennies, des chercheurs tentent de découvrir un marqueur biologique minimalement invasif qui pourrait différencier la maladie d'Alzheimer de l'état de vieillissement normal et d'autres conditions neurodégénératives. Ces premiers résultats, qui demandent à être confirmés, ouvrent la voie vers un test sanguin de dépistage.


J.I.
Sciences-et-Avenir.com



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