Les frontières de l’Europe, de la préhistoire à nos jours - en savoir plus avec Canal Académie
De l’homo habilis arrivé à Haïfa (Israël) il y a 2,5 millions d’années, au Traité de Schengen, il n ’y a qu’un pas que vous propose de franchir Henry de Lumley et Christophe Reveillard, deux intervenants qui ont pris la parole au cours d’une conférence publique à l’Institut de paléontologie humaine.
L’Europe : dans l’espace et dans le temps, c’est le titre de la conférence qui s’est déroulée le 3 décembre 2008 à l’Institut de paléontologie humaine, à Paris.
« C’est vers 2,5 millions d’années qu’apparaissent les premiers homo habilis aux portes de l’Europe, à Haïfa, dans le couloir palestinien », explique Henry de Lumley.
Il faut attendre encore quelque milliers d’années pour que nos ancêtres se rapprochent de l’Europe occidentale. En effet, des archéologues géorgiens médiévistes ont retrouvé, lors de fouilles de caves ayant servi à conserver des céréales, des mandibules de rhinocéros, mais également des choppers (galets taillés sur une seule face, servant d’outils) et de nombreux restes humains. Il s’avère que les populations du Moyen-Âge avaient creusé leurs caves dans des dépôts préhistoriques !
Ces restes d’homo georgicus, ainsi nommés, datent d’1,8 million d’années.
Poursuivant leur chemin, des traces de ces hommes apparaissent sur les rives de la Méditerranée vers 1,4 million d’années (découverte récente, datant de 2006).
Trois sites ont été récemment mis à jour en Espagne : le premier, proche de Burgos, où on y trouve des éclats de taille et des fragments de mandibules, est estimé à 1,5 million d’années. Deux autres sites, à 80 km au nord-est de Grenade, sont évalués à 1,1 million d’années. Cette zone de marécages, aujourd’hui asséchée, abritait des hommes mais également des hippopotames et des éléphants.
Il faut remonter jusqu’à 1 million d’années pour voir arriver les premiers hommes en France, dans la grotte du Vallonnet, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Il s’agit d’un important gisement pour la connaissance de la faune épi-villafranchienne (900 000 ans) et l’industrie lithique qui lui est associée.
Opérons un saut dans le temps et venons-en aux frontières européennes dans l’histoire du XXe siècle.
Comme le souligne l’historien Christophe Reveillard, le paradoxe réside dans l’hétérogénéité géographique d’un continent occidental qu’est l’Union européenne, alors que les frontières sont potentiellement faciles à définir.
L’Europe unie a vu le jour avec les conflits. Jouant un rôle central dans l’organisation du monde, les géopoliticiens l’appellent le Heartland Central.
Les tentatives d’unifications politiques correspondent à une volonté de définition du territoire européen.
Ainsi l’Union européenne occupe une superficie de 4,5 millions de km2 pour 495 millions de personnes. Trois blocs identitaires se côtoient : les orthodoxes slaves, les protestants de la Mitteleuropa et de l’Europe du Nord et les catholiques des États latins.
L’Union européenne est hétérogène sur un plan politique également. Qualifiée d’« objet politique non identifié (OPNI) » par Jacques Delors, elle mêle à la fois des nations où règnent le régionalisme des États fédéraux et le pouvoir centralisé d’autres États.
La démographie : un sujet épineux
La population européenne, constituée aujourd’hui de 27 pays, représente 495 millions d’habitants. L’Union européenne (UE) est ainsi le 3e territoire le plus peuplé, après la Chine et l’Inde.
Cependant, la démographie européenne est en survieillissement. C’est le cas en particulier de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne. Parallèlement, les dix États qui viennent de rejoindre l’UE offrent un surcroît de population, mais de population très âgée. La France, à elle seule, assure presque les 2/3 du renouvellement de la population, hors immigration. La population européenne, d’après les prévisions de l’Onu, devrait commencer à décroître d’ici 2050. Quant à l’immigration, l’UE est le premier centre de réception de l’immigration extra-européenne, africaine essentiellement. Cette immigration a organisé un soutien des transferts financiers, où un immigré fait vivre dix personnes en Afrique. La circulation de ces personnes est un des piliers du marché unique.
« L’Europe est passée d’un statut d’émigration (vers les États-Unis) à celui d’immigration, activant ainsi un sentiment de ressentiment. Cette société européenne doit aujourd’hui mettre en avant un modèle multiculturel », explique Christophe Reveillard.
Lors des deux dernières élections européennes, le taux de participation était en dessous de 45 % ; un déficit d’adhésion essentiellement, dû à cette difficulté de l’UE d’affirmer son identité.
Le Professeur Henry de Lumley est préhistorien, directeur de l’Institut de paléontologie humaine.
Christophe Reveillard est docteur en histoire, attaché à l’Université de Paris-Sorbonne.
Il faut attendre encore quelque milliers d’années pour que nos ancêtres se rapprochent de l’Europe occidentale. En effet, des archéologues géorgiens médiévistes ont retrouvé, lors de fouilles de caves ayant servi à conserver des céréales, des mandibules de rhinocéros, mais également des choppers (galets taillés sur une seule face, servant d’outils) et de nombreux restes humains. Il s’avère que les populations du Moyen-Âge avaient creusé leurs caves dans des dépôts préhistoriques !
Ces restes d’homo georgicus, ainsi nommés, datent d’1,8 million d’années.
Poursuivant leur chemin, des traces de ces hommes apparaissent sur les rives de la Méditerranée vers 1,4 million d’années (découverte récente, datant de 2006).
Trois sites ont été récemment mis à jour en Espagne : le premier, proche de Burgos, où on y trouve des éclats de taille et des fragments de mandibules, est estimé à 1,5 million d’années. Deux autres sites, à 80 km au nord-est de Grenade, sont évalués à 1,1 million d’années. Cette zone de marécages, aujourd’hui asséchée, abritait des hommes mais également des hippopotames et des éléphants.
Il faut remonter jusqu’à 1 million d’années pour voir arriver les premiers hommes en France, dans la grotte du Vallonnet, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Il s’agit d’un important gisement pour la connaissance de la faune épi-villafranchienne (900 000 ans) et l’industrie lithique qui lui est associée.
Opérons un saut dans le temps et venons-en aux frontières européennes dans l’histoire du XXe siècle.
Comme le souligne l’historien Christophe Reveillard, le paradoxe réside dans l’hétérogénéité géographique d’un continent occidental qu’est l’Union européenne, alors que les frontières sont potentiellement faciles à définir.
L’Europe unie a vu le jour avec les conflits. Jouant un rôle central dans l’organisation du monde, les géopoliticiens l’appellent le Heartland Central.
Les tentatives d’unifications politiques correspondent à une volonté de définition du territoire européen.
Ainsi l’Union européenne occupe une superficie de 4,5 millions de km2 pour 495 millions de personnes. Trois blocs identitaires se côtoient : les orthodoxes slaves, les protestants de la Mitteleuropa et de l’Europe du Nord et les catholiques des États latins.
L’Union européenne est hétérogène sur un plan politique également. Qualifiée d’« objet politique non identifié (OPNI) » par Jacques Delors, elle mêle à la fois des nations où règnent le régionalisme des États fédéraux et le pouvoir centralisé d’autres États.
La démographie : un sujet épineux
La population européenne, constituée aujourd’hui de 27 pays, représente 495 millions d’habitants. L’Union européenne (UE) est ainsi le 3e territoire le plus peuplé, après la Chine et l’Inde.
Cependant, la démographie européenne est en survieillissement. C’est le cas en particulier de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne. Parallèlement, les dix États qui viennent de rejoindre l’UE offrent un surcroît de population, mais de population très âgée. La France, à elle seule, assure presque les 2/3 du renouvellement de la population, hors immigration. La population européenne, d’après les prévisions de l’Onu, devrait commencer à décroître d’ici 2050. Quant à l’immigration, l’UE est le premier centre de réception de l’immigration extra-européenne, africaine essentiellement. Cette immigration a organisé un soutien des transferts financiers, où un immigré fait vivre dix personnes en Afrique. La circulation de ces personnes est un des piliers du marché unique.
« L’Europe est passée d’un statut d’émigration (vers les États-Unis) à celui d’immigration, activant ainsi un sentiment de ressentiment. Cette société européenne doit aujourd’hui mettre en avant un modèle multiculturel », explique Christophe Reveillard.
Lors des deux dernières élections européennes, le taux de participation était en dessous de 45 % ; un déficit d’adhésion essentiellement, dû à cette difficulté de l’UE d’affirmer son identité.
Le Professeur Henry de Lumley est préhistorien, directeur de l’Institut de paléontologie humaine.
Christophe Reveillard est docteur en histoire, attaché à l’Université de Paris-Sorbonne.
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