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Un e-mail d'avertissement puis, s'ils persistent à télécharger, une lettre recommandée comme dernier avertissement avant sanction, pour aller ensuite vers l'accès à internet coupé en cas de récidive pour ceux qui font du téléchargement illégal, voire une amende. Voilà l'arsenal qui pourrait être adopté début 2009 afin de lutter contre les téléchargements illégaux en France. D'après Christine Albanel, la ministre de la Culture, il y en aurait 450 000 quotidiennement. Principale victime : l'industrie du disque, qui voit le nombre de ventes baisser (remplir gratuitement son lecteur MP3 avec plus d'une centaine de chansons est devenu aussi simple que marcher) et celui du cinéma. Les vidéoclubs voient également une baisse du nombre de DVD loués. L'objectif de la ministre est de réduire de 70 % le téléchargement illégal.
Ces mesures sont-elles de nature à dissuader les pirates réguliers ? Après consultation rapide, tant qu'il ne faut pas « passer à la caisse » et sortir les euros, il semble que les premières semonces peuvent rester vaines. D'autant plus que de nombreux internautes n'utilisent pas l'adresse mail donnée par leur fournisseur d'accès. Pas de risque non plus d'atteindre le système américain où une jeune mère célibataire du Minnesota a été condamnée à une amende de 220 000 dollars pour avoir mis en ligne de la musique illégalement téléchargée. 1 702 chansons avaient été trouvées sur son ordinateur. Cette croisade peut paraître vaine et ressembler en quelque sorte au combat de Don Quichotte contre les moulins. C'est bien connu : les pirates internautes comme les dopés dans le sport ont toujours une longueur d'avance.
Si le nombre de téléchargements constatables pourrait effectivement baisser rapidement, les internautes téléchargeurs vont tous passer sur des réseaux p2p anonymes. Le pair-à-pair, traductions de l'anglais Peer-to-Peer, souvent abrégé « P2P », est un modèle de réseau informatique qui permet à chaque internaute de partager ses fichiers avec les autres. Ces réseaux anonymes ont des adresses IP masquées, très difficiles à localiser, et leurs données sont cryptées.
Tous les outils sont donnés et mis à disposition des pirates potentiels. Avec des disques durs de plus en plus puissants, des vitesses de téléchargement impressionnantes, une baisse permanente du prix des graveurs de CD et DVD, il est désormais aisé de passer de l'autre côté de la barrière. Pour le moment, la peur du gendarme ne semble pas faire effet. La création de l'Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet), autorité administrative indépendante en charge de la surveillance des droits d'auteur sur Internet, serait mise en place justement pour servir de gendarme et veiller à éviter les abus massifs.
D'autres solutions comme baisser le prix des CD ou le prix d'entrée dans les salles de cinéma auraient pu être envisagées. Le prix du CD compris entre 5 et 10 € ramènerait sûrement les consommateurs dans les rayons de disques des magasins spécialisés. Certains l'ont bien compris et proposent sur leurs sites des titres à partir de 0,99 €.
Les tops et les flops du piratage
Les machineries hollywoodiennes ont toujours la cote chez les pirates français. Sur l'ensemble des longs métrages téléchargés illégalement entre avril et juin 2008, 66 % des fichiers sont d'origine américaine. En tête, on trouve Jumper de Doug Liman, Cleaner de Renny Harlin et Iron Man de Jon Favreau. Côté français, ce sont Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud et La Môme d'Olivier Dahan qui arrivent premiers. Comme le note la récente étude de BigChampagne et MCPS-PRS Alliance (PDF), le piratage aime ce qui est populaire, et ce sont donc les albums ou films en haut des ventes/entrées les plus piratés. Et vice versa. Les contenus boudés par le public, tel le dernier Astérix, sont peu téléchargés illégalement. Premier des films français piratés, Bienvenue chez les Ch'tis aurait donc été piraté 682 000 fois.
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