lundi 24 novembre 2008

Les bonobos chasseur!



Trop heureux de trouver chez des cousins primates une mise en pratique du fameux slogan hippie «faites l’amour pas la guerre», les humains ont peut-être un peu trop vite idéalisé le mode de vie des bonobos. Ces grands singes africains sont capables de chasser en bande d’autres singes, comme le font les chimpanzés, affirment aujourd’hui des chercheurs du centre d’anthropologie de l’Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne). Cela brouille la frontière entre des bonobos (Pan paniscus) décrits comme pacifiques et des chimpanzés (Pan troglodytes) connus pour leur agressivité.




De précédentes analyses d’excréments de bonobos avaient montré qu’ils mangeaient de la viande mais on pensait qu’il s’agissait seulement d’antilopes de forêt, d’écureuils ou d’autres rongeurs, autant de proies qu’un bonobo peut attraper seul. Un échantillon contenait le doigt d’un cercocèbe noir mais il n’était pas certain que le bonobo l’avait lui-même tué.

Dans le parc national de Salonga, en République Démocratique du Congo, sur le site de LuiKotale, ce sont des chasses organisées en groupe visant de jeunes singes à queue que Gottfried Hohmann et son équipe ont observées pour la première fois.

Après avoir repéré leurs proies, les bonobos ont changé leur cap et se sont approchés en silence, prenant position autour des arbres où se trouvaient les petits singes, relatent les chercheurs dans la revue Current Biology (datée du 14 octobre). Sur les cinq tentatives observées, trois ont été couronnées de succès. Des bonobos ont capturé leur proie après une course poursuite dans les arbres tandis que d’autres membres du groupe étaient restés au sol. Silencieux pendant la chasse, les bonobos s’exprimaient en revanche pendant le partage de la viande, organisé par ceux qui avaient attrapé la proie.

Chez les chimpanzés, la violence de ces chasses est associée aux relations sociales du groupe, marquées par les luttes d’influence entre mâles dominants. Chez les bonobos, on expliquait justement leur absence par le fait que les femelles sont leaders, qu’elles s’allient entre elles pour éviter qu’un mâle devienne dominant et que les conflits se règlent parfois par des parties de pattes en l’air plutôt que par des combats. Fait notable: les femelles participent à la chasse.

Le comportement des bonobos de LuiKotale est-il nouveau, induit par des changements dans leur environnement? Sans exclure cette possibilité, les chercheurs rappellent qu’il est très difficile d’observer ces scènes de chasse en direct. En l’occurrence, il a fallu six ans de présence sur le terrain à Hohmann et à ses collègues pour que la trentaine de bonobos s’habituent à leur présence. Il n’est cependant pas certains que tous les bonobos se comportent de la même façon. D’autres études, comme celles portant sur les outils des chimpanzés, ont déjà montré qu’en fonction des sites les groupes de grands singes n’ont pas tous les mêmes pratiques.

Sciences et Avenir.com

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