Un « pont paysage » à la Courneuve, un « pont toit » à Shangaï, des « ponts structures d’accueil » à New-York , un« pont habité » à Moscou (voir la galerie de photos). L’architecte -ingénieur Marc Mimram a présenté quatre projets faisant exploser le rôle passif de ces infrastructures, le 1er octobre dernier, à New-York, en marge d’une conférence sur le béton, organisée par l’Université de Columbia.
L’architecte français Marc Mimram profite des propriétés des nouvelles générations de bétons pour imaginer des ponts à la fois légers et habités, transformant une infrastructure de transit en espace multifonctionnel. Rencontre.
« Il faut regarder le pont comme on regarde la tour, sous la forme d’une structure habitable» a-t-il osé au royaume des gratte-ciel. « Après la ville dressée découverte à Manhattan par Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit dépeinte comme « debout, absolument droite et raide à faire peur » l’idée est de recoucher la ville en profitant de l’atout du franchissement ». Et de satisfaire aussi aux besoins de densification de la ville, de mixité, de mobilité, nouvelles tartes à la crème du développement durable. Bref, de considérer chaque pont comme une opportunité et non plus seulement comme un mal nécessaire, dévoreur d’espace et pourvoyeur de nuisances.
Sponsorisée par le groupe Lafarge, cette étude fait suite à « Hypergreen », concept de tour essayant de répondre également aux impératifs du développement durable pour les mégalopoles mondiales, imaginé par l’architecte Jacques Ferrier (voir Sciences et Avenir, Bien vivre en ville).
A l’instar de son prédécesseur, Marc Mimram a donc naturellement privilégié, pour bâtir ses ponts de rêve, des bétons fibrés à ultra-hautes performances (Befup). «Ils démultiplient les capacités structurelles et plastiques du béton conventionnel, assure cet ingénieur des Ponts et Chaussées, à qui l’on doit la passerelle Solferino à Paris. « Ils autorisent de nouveaux types de structures, légères, inventives » Comme ce pont paysage à double ruban, évoquant l’anneau de Moebius, qu’il a imaginé pour désenclaver la cité des 4000. Franchissant l’autoroute, cette « agrafe urbaine » donne accès aux habitants de la cité au parc de la Courneuve (Seine Saint Denis).
Pour la mégalopole de Shanghai, lardée d’infrastructures routières en hauteur, Marc Mimram a décidé de considérer les ponts comme des toits. Il a donc conçu des auvents de béton dont la finesse évoque la tôle pour délimiter de nouveaux espaces d’accueils pour le public. Il donne ainsi rendez-vous sous les ponts aux shanghaiens branchés pour une exposition de sculpture!
Pour New-York, l’architecte-ingénieur a carrément dessiné des méga- structures d’accueil et de transit, reliant Manhattan aux autres districts de l’Etat. Chaque poutre de franchissement supporte une résille de béton dont les cavités peuvent être habitées par des clubs de gym, des bibliothèques, des agences etc… « Grâce à sa très grande inertie, la structure n’est pas limitée à un caisson opaque, mais devient une dentelle transparente à l’intérieur de laquelle peuvent être maintenus des flux de transit » avance l’architecte.
Enfin, pour la capitale moscovite, Marc Mimram a jeté sur le fleuve une passerelle, sorte de coquillage assemblant des mailles de béton et destinée à être habitée, comme autrefois le Ponte-Vecchio de Florence. L’un de ces projets verra t-il jamais le jour ? Si oui, on espère alors pour ceux qui habiteront les ponts que les bétons seront également ultra-performants en matière d’insonorisation.
Sciences et Avenir.com
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