samedi 2 août 2008

Qu'y a t'il derrière Batman et le Joker ?

Le mercredi 13 août sortira sur les écrans Batman – The Dark Knight, les nouvelles aventures de l’homme-chauve-souris incarné par Christian Bale.
Plusieurs points en font l’un des événements de l’été. Tout d’abord parce que Heath Ledger nous a quittés en janvier, que c’est son dernier rôle (excepté un tournage inachevé pour le prochain film de Terry Gilliam) et qu’il y livre une prestation hallucinante. Mais aussi parce que ce film est actuellement le plus grand succès virtuel de l’histoire du cinéma, sur des bases qui coulent le Titanic à vitesse grand V.
Il nous semblait donc normal de vous parler de l’homme qui est derrière cette extraordinaire aventure, et son succès historique. L’homme qui est derrière Batman. Le brillant réalisateur Christopher Nolan.

Christopher Nolan a failli naître aux Etats-Unis (sa mère y tenait), mais il voit le jour le 30 juillet 1970 à Londres, en Angleterre. De père Anglais et de mère Américaine, il a la double nationalité.
Enfant, Christopher découvre assez tôt qu’il est daltonien, ce qui ne l’empêche pas, dès 7 ans, d’utiliser ses petites figurines et la caméra Super-8 de son père pour réaliser ses premiers courts métrages. Durant cette période, il déménage à Chicago où il rencontrera le futur producteur et réalisateur Roko Belic, avec qui il tournera plusieurs courts métrages amateurs durant son adolescence.

De retour en Angleterre à la fin des années 80, il poursuit un enseignement au Heileybury College, une école privée dans la région d’Hertford, avant d’étudier la littérature anglaise à la prestigieuse University College of London.
Sa passion pour le septième art ne le quittant pas et continuant à élaborer de petits films chez lui, il ressent le besoin d’évoluer dans cette voie et il intègre l’association de cinéma du College. Il y réalise plusieurs autres courts métrages, dont Tarentella en 1989, qui sera présenté à Image Union, un festival indépendant de création audiovisuelle, diffusé sur la chaîne PBS.
Plusieurs autres courts métrages suivent dans lesquels il expérimente des techniques de narration, Larceny en 1996, qui sera montré au Cambridge Film Festival, et Doodlebug grâce auquel il rencontre Jeremy Theobald, qu’il dirigera la même année dans son premier long métrage : le remarquable Following.

Following narre l’histoire d’un personnage complexe, un écrivain qui devient obsédé par les passants qu’il suit dans la rue. Filmé en noir et blanc pour 6000 dollars, tourné pendant les week-ends avec des amis rencontrés à l’école, Following sera présenté au San Francisco Film Festival en 1998 et attirera d’emblée l’attention sur son jeune auteur. La société de production Newmarket allant jusqu’à prendre une option sur le prochain script de Nolan, un drôle de projet intitulé Memento, adapté d’une nouvelle du frère de Christopher - Jonathan Nolan -, et qui allait littéralement propulser son jeune réalisateur dans la Cour des Grands.

Memento sort sur les écrans en 2000. Magnifique film, véritable ovni à la construction puzzle remarquable (qui lui vaudra d’ailleurs une nomination au Golden Globe et à l’Oscar du meilleur scénario), il nous plonge dans l’histoire d’un homme atteint d’amnésie immédiate (il ne se souvient pas de ce qu’il a fait un quart d'heure plus tôt, ni où il va, ni pourquoi), qui remonte la piste du violeur et assassin de sa femme, dans le but de se venger.
Conçu du point de vue subjectif du héros, le montage plein de flashbacks et de flashforwards (déjà brillamment expérimenté sur Following), surprend, embarque, bouleverse. Bourré d’idées formelles et narratives géniales (le héros se tatoue sur le corps toutes les choses importantes dont il doit se rappeler. Ce concept deviendra une inspiration majeur pour la série Prison Break), le film devient culte auprès de nombreux spectateurs dans le monde. Aux côtés de Guy Pearce (L.A. Confidential, Priscilla, Folle du Désert) entre contenance, puissance et tragédie, on retrouve la belle Carrie-Anne Moss (la fantasmagorique Trinity de Matrix) et Joe Pantoliano.
Le succès du film aidant, Nolan se voit alors courtiser par tous les plus grands studios américains, et entre dans la fosse aux lions en allant y tourner Insomnia.

Sorti en 2002, Insomnia, avec son casting de stars (Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank), est le remake du film norvégien éponyme réalisé en 1997 par Erik Skjoldbjaerg. Dans ce polar froid, on suit deux détectives enquêtant en Alaska avec les autorités locales sur les traces d’un tueur. Le film est un succès autant critique que public et installe Nolan un peu plus encore.

En 2003, son fameux court métrage Doodlebug, est diffusé dans le cadre des Ciné 16 : British Short Films, un programme de télévision, avec notamment certains courts métrages de Ridley Scott et de Mike Leigh.
En 2003 toujours, il s’attaque à un énorme projet, le plus ambitieux jusqu’ici pour lui, un biopic d’Howard Hughes, le milliardaire, aviateur, industriel et réalisateur américain. Alors qu’il peaufine son script et que Jim Carrey a donné son accord pour l’interpréter, Martin Scorsese déboule avec Leonardo DiCaprio et son excellent Aviator, et envoie aux oubliettes le projet déjà avancé de Nolan qui ne se fera finalement jamais.

Cependant, avec ses récents succès, Nolan intéresse toujours les grands studios américains, et après le désistement de David Fincher (Seven, Fight Club), puis les divergences artistiques que le studio a rencontrées avec Darren Aronofsky (Requiem for a Dream), la Warner propose à Christopher Nolan de reprendre leur fameuse franchise, superbement démarrée avec Tim Burton, et coulée avec Joel Schumacher : Batman.En revenant aux origines du mythe, Nolan signe avec Batman Begins un opus des plus réussis. Autour de l’homme-chauve-souris habité par Christian Bale (formidable dans le raté American Psycho, l’adaptation du roman de Bret Easton Ellis), on retrouve Gary Oldman, Michael Caine, Liam Neeson, Morgan Freeman, Katie Holmes et Cillian Murphy. Ecrit par David S. Goyer, le brillant scénariste de Blade, Batman Begins retrace la vie de Bruce Wayne, de la mort de ses parents à l’acceptation de son devoir, en passant par sa formation chez les ninjas et la création de son alter ego. Le film est une réussite et l’un des succès de l’année 2005.

Dès lors, tous ses projets se concrétisent. Adapté du roman de Christopher Priest et écrit par Christopher Nolan et son frère Jonathan, The Prestige, sorti en 2006, nous plonge dans l’univers de la magie dans l’Angleterre victorienne du début du XXème siècle. Une compétition qui s’annonçait amicale et ludique entre deux magiciens (Christian Bale et Hugh Jackman) va évoluer et prendre une tournure dramatique jusqu’à son tragique et surprenant dénouement. Prenant de bout en bout, sublime formellement et réalisé avec une grande maîtrise, The Prestige met également en scène Michael Caine, Scarlett Johansson et David Bowie.

En 2008, Christopher Nolan renoue avec la Warner pour la suite des aventures de Batman. Intitulée The Dark Knight, cette nouvelle aventure voit le justicier de Gotham City créé par Bob Kane, être aux prises avec le fameux Joker (Heath Ledger) et Harvey Dent, alias Double-Face (Aaron Eckhart).

Après ce nouvel opus, Christopher Nolan compte se consacrer à The Exec, un film d'anticipation très ambitieux, puis mettre en route le troisième Batman qu’il réalisera à l’été 2011, avec vraisemblablement, et ce serait vraiment formidable, Angelina Jolie en Catwoman, et Johnny Depp en Homme Mystère. Mais ceci est une autre histoire.

Christopher Nolan a aujourd’hui 38 ans (depuis trois jours) et il est marié depuis 1997 à Emma Thomas, sa productrice depuis toujours. Ils vivent à Los Angeles avec leurs trois enfants.





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