(Agence Science-Presse) - Alors que Phoenix tente de commencer à travailler, l’éternelle question revient sur le tapis : des microbes terriens auraient-ils pu survivre au voyage? Deux nouvelles études assurent que oui. Les Terriens coloniseront-ils Mars? Les responsables de la mission Phoenix assurent que les parties de leur sonde qui seront en contact avec la glace martienne —là où pourraient éventuellement dormir des indices de vie martienne— ont été soigneusement stérilisés. Mais il y a bien longtemps que la NASA admet qu’aucune stérilisation n’est efficace à 100% et que les bactéries, depuis les années 1980, se sont révélé bien plus coriaces qu’on ne l’aurait cru, survivant jusque dans des réacteurs nucléaires. Cette fois-ci, une équipe du Jet Propulsion Laboratory, en Californie, a recensé toute la vie microbienne qui survivait dans la salle d’assemblage stérilisée de Phoenix, au fur et à mesure des stades préparatoires à la mission. Quatre mois avant le lancement, en avril 2007, il y en avait au moins 100 000 par mètre carré —dont 132 espèces différentes de bactéries. En juin, après un effort acharné de nettoyage, il en restait tout de même 35 000 par mètre carré, appartenant à 45 espèces. Et en août, au moment du lancement, 26 000 par mètre carré. Ce n’est pas beaucoup, à côté de notre intestin, qui abrite des milliards de bactéries, réparties dans plus d’un millier d’espèces. Mais pour les biologistes qui rêvent d’une Mars pure de toute contamination, c’est un peu gênant. Évidemment, rien ne garantit que ces microbes survivront aux conditions extrêmes d’un voyage dans l’espace. Ni à celles, guère meilleures, de Mars, où l’absence de couche d’ozone s’avérerait mortelle pour nos cellules et celles de nos bactéries. Mais parmi les bactéries survivantes, les gens du JPL en ont recensé une, B. pumilus, qui peut soutenir des doses d’ultra-violet capables de tuer à peu près toutes ses autres congénères. Les résultats du JPL ont été présentés la semaine dernière au congrès annuel de la Société américaine de microbiologie, en même temps que ceux d’un collègue, Kasthuri Venkateswaran qui, lui, a justement essayé de tester ce qui arriverait à ces bactéries si elles se retrouvaient sur Mars. Il les a placées dans des bocaux qui simulaient la pression de l’air, la température et la quantité d’ultra-violet : après seulement cinq minutes, trois espèces de bactéries avaient passé l’arme à gauche. Mais placées dans un sol qui pouvait leur fournir écran contre les radiations, certaines survivaient. Vendredi dernier, Phoenix a commencé son travail scientifique, en prélevant un peu de terre martienne et en tentant de la faire passer dans un de ses huit fours. La tentative a toutefois échoué; il reste sept fours non-utilisés. Phoenix n’a pas la capacité de détecter la vie microbienne (ce sera le rôle du Mars Science Laboratory, en 2009, une mission plus coûteuse), juste les indices chimiques qui pourraient conduire vers la vie —ce qu’on appelle des composés organiques. Or, c’est bien là un paradoxe de cette mission, signale Aaron Zent, biologiste au Centre Ames de la NASA : parce que Phoenix est bien équipée pour détecter ces composés organiques, ceux qu’il détectera pourraient être « ceux que nous avons amenés ».
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