vendredi 6 juin 2008

De moins en moins de moineaux dans les villes


On parle souvent des espèces animales exotiques en voie d’extinction et on en oublie celles que l’on côtoie au quotidien. Le moineau, grand adepte des milieux urbains, connaît pourtant un déclin important dans l’ensemble de l’Europe. On estime ainsi qu’en Grande-Bretagne les effectifs ont diminué de 62% entre 1970 et 1999. La Finlande a enregistré une baisse équivalente, estimée à 60% en 25 ans. A une échelle plus restreinte, le nombre d’individus ayant élu domicile à Hambourg a chuté de 50% en 30 ans, un chiffre à relativiser face à la dégringolade qui sévit à Prague où 60% des moineaux ont disparu en seulement 20 ans.

Les hypothèses avancées pour expliquer cette régression sont nombreuses. D’une part, les bâtiments modernes de par leur conception et un entretien régulier offrent moins de sites de nidification. Par ailleurs, l’éloignement des banlieues conduit le moineau à déserter le centre-ville pour des milieux plus hospitaliers, à la frontière entre campagne et ville. Mais des facteurs plus graves sont en jeu tels que la densité du trafic routier et la raréfaction de la nourriture, le nombre d’insectes faiblissant d’année en année, tout du moins en milieu urbain. Enfin, le moineau se voit contraint de cohabiter avec le pigeon, lequel, non fort d’intensifier la concurrence alimentaire, est également vecteur de maladies létales.


Bien que le moineau parisien fasse figure de privilégié du fait de la faiblesse de son déclin, la LPO et le CORIF ont lancé une action conjointe en 2003 visant à dresser un état des lieux des populations de l’oiseau évoluant au sein de la capitale française. A raison de deux vagues d’observations annuelles de dix jours, des bénévoles ont réalisé des relevés sur les mêmes sites et au cours des mêmes périodes saisonnières. Consignées dans des fiches récapitulatives, les données recueillies ont ensuite été confiées au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN) pour analyse.

Les premières conclusions attestent d’une représentativité inégale, tributaire des spécificités environnementales relatives à chacun des quartiers de la capitale. Ainsi, la densité de la végétation, l’époque de construction des bâtiments et les flux de circulation à la fois automobile et piétonne ont eu une incidence directe sur la taille des effectifs parisiens.

Les résultats des travaux menés par le MNHN seront communiqués dans leur intégralité lors du Festival de l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux, organisé le 24 mai prochain en hommage à la Fête de la Nature. Ils permettront de définir des mesures de protection efficaces pour ménager le volatile citadin. Pour l’heure, le CORIF et la LPO ont d’ores et déjà prévu de reconduire l’enquête sur les cinq prochaines années à venir.

Source:univers-nature

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