jeudi 13 décembre 2007

Kylie Minogue : X, album de série Z


Après Vanessa Paradis, Jenifer et avant Lorie et Alizée, me revoici sur le chemin des voix érotiques avec cet album du retour pour l'australienne Kylie MiniMinogue, enfin guérie d'un affreux cancer qui l'avait éloignée des scènes pendant quelques années (mais pas des supérettes puisqu'elle en avait profité pour fourguer un DVD live et une ou deux vieilleries). A presque 40 ans, la Lilliputienne revient avec un album de jouvencelle, tourné vers la fête, le sexe et la bam bam music, un album où l'érotisme est omniprésent au point d'en devenir rasoir et effrayant. La Kylie ingénue et mutine de "I Should Be So Lucky" (1987-88), de "Especially For You" (ft Jason Donovan, souvenez-vous), la Kylie presque arty qui se faisait éclater la tête par Nick Cave à l'endroit "Where the Wild Roses Grow" (1995) est bien loin aujourd'hui. Reste un monstre au cul bombé et entrouvert comme une bouche, une blondeur suspecte et une hypersensualité qui ressemble à un plan marketing plutôt qu'à une intention véritable. Pourquoi est-ce qu'une fille de 40 ans, plutôt bien faite de sa personne, et certes plaquée par l'odieux Olivier Martinez, en voudrait à notre corps à ce point ? C'est toute l'histoire de cet album...



X est un album pour la dance, le sexe du samedi soir pour lequel Kylie Minogue a embauché et débauché une armada de collaborateurs tels que DJ Mylo, les Scissor Sisters, les Suédois de Groove Armada ou encore un puceau découvert sur Myspace du nom de Calvin Harris. Tout est bon dans le cochon : les beats, le big beat, le funk, du moment que cela fait remuer les cuisses. "2 Hearts" ouvre le bal sur une rythmique basique et répétitive soutenue par des "hun, hun" (le sexe) et des "hou hou" (l'amour") incandescents. Le titre fonctionne assez bien malgré des paroles désolantes : "Two hearts are beating together, i'm in love. Is it forever?" Il manque un peu de corps pour en faire un single imparable, même si Kylie a le bonheur d'arrêter le morceau au bout des 3 minutes au delà desquelles il aurait fini par nous ennuyer sévère. "Like A drug" poursuit sur un mode similaire et une construction musicale très madonnesque. Kylie soupire, expire et se pose en créature ultrasexy, au point de s'en évanouir de plaisir à nos pieds. "You got me hooked, gotten me on the floor." Moi ? "I got my radar on you. Let's be physical." "In My Arms" replonge dans un univers dance très 80s mais un rien daté. Kylie allume toujours autant l'auditeur mais d'une voix assez désagréable, presque nasillarde parfois et qui rappelle les minauderies de Vanessa Paradis. Le titre n'en reste pas moins efficace et léger. L'interrogation existentielle atteint son paroxysme lorsque la chanteuse questionne : "How does it feel in my arms ? Do you need it ? Do you feel it ?". Après 3 assauts de cette nature, on commence en effet à la sentir. "Speakerphone" offre enfin un peu d'originalité, réussissant sur le modèle sonore du "Numb" de U2 une parfaite alliance des sonorités organiques et électro.

L'électropop a toujours été le point fort de Kylie Minogue mais un point fort qu'elle a souvent été tenté de délaisser pour rattraper la concurrence plus musclée des sexy troopers. "Sensitized" introduit un sample du Bonnie et Clyde de Gainsbourg qui sera assez mal rentabilisé. Le battement originel est abandonné trop tôt et le morceau s'enfonce dans une chanson pop médiocre avec couplet en roue libre. Le travail de production reste, comme souvent ces derniers temps, le seul intérêt de ce type de morceau. "Heart Beat Rock" étonne par sa simplicité : une boîte à rythmes, un clavier électronique et l'on se croirait dans du Pink ou du L5 expérimental. Sur un son à la Spice Girls, le morceau fonctionne bien avant de s'avachir sur sa propre longueur. Avec "The One", Kylie se paie une introduction à la New Order et un chant transformé qui fait penser au "Pocket Calculator" de Kraftwerk en moins bien. Côté positionnement ("Love Me, i'm the One" x4), on est toujours dans l'offrande sexuelle absolue. L'effet cumulatif donne le tournis et fait de cet album, justement nommé, une sorte de téléthon du sexe, un fantasme total ou Kylie devient l'Isis Blonde de la luxure, l'étoile polaire d'une nouvelle cosmogonie. Pouah ! Les 5 dernières chansons ne parviennent pas à relever un travail plutôt passe-partout et qui manque d'éclat. "No More Rain" tente un démarrage quasi-acoustique mais se vautre sur un mixage de la voix trop aiguë. "All I See" est un hit dance-floor assez mainstream et interminable. Stars cherche son refrain, tandis que "Wow", le meilleur morceau du dernier tiers, trouverait parfaitement sa place après un titre de Début de Soirée dans une soirée mousse à Saint Etienne. "Nu-di-ty" tutoie (et épelle) le ridicule, quand "Cosmic" nous livre un dernier exemple de crooning sexy pathétique.



Trop de sophistication nuit à l'émotion. A l'inverse d'une Madonna qui tient une ligne tonique, Minogue peine à définir un style qui lui convienne. Heureusement pour son X; son entourage maquille suffisamment bien le manque de choses à chanter et d'homogénéité artistique pour que l'on se trouve face à un désastre total. Quelques titres accrocheurs pris isolément sont susceptibles de faire croire que Kylie existe toujours sur le terrain de la dance pop, quand bien même on se fait du souci pour elle. Il n'est pas certain, du reste, que la petite Australienne ait jamais fait autre chose que d'enrober 1 ou 2 bons titres dans de la mélasse. Auquel cas, elle est ici à son niveau.



http://www.kylie.com/

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