dimanche 13 décembre 2009

Obama Nobel de la paix?

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Le président Barack Obama a pris la pleine direction de la guerre en Afghanistan, le 1er décembre, en annonçant une intensification rapide du conflit. Mais le mutisme des démocrates les plus influents au Congrès et le scepticisme affiché par les républicains indiquent que le président va devoir se battre pour faire adopter sa politique. Non sans prendre un risque certain, Obama a annoncé d'un même souffle un renforcement conséquent de la présence militaire américaine en Afghanistan et la stratégie de sortie. Le ton adopté reconnaît pleinement la fatigue de l'opinion publique après huit ans de conflit en Afghanistan et les divisions politiques qui règnent aux Etats-Unis. Pour apaiser ce climat, le président a enrobé son annonce d'un appel à faire revivre le climat d'unité nationale qui existait au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

Si le patron des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, a obtenu un peu moins que la totalité des renforts qu'il réclamait, le calendrier et le déploiement de ces forces ont été redéfinis. La Maison-Blanche souhaite affirmer ainsi que la décision a finalement été prise par le président et qu'il ne s'est pas contenté d'approuver sans discussions la vision du Pentagone. Ces changements – et l'engagement de quitter l'Afghanistan à partir de juillet 2011 – risquent cependant de ne pas suffire à éviter une bataille farouche au sein du Parti démocrate sur le financement de la guerre.

Mais le président s'adressait , le 1er décembre, principalement à la population américaine plutôt sceptique quant à la guerre. Selon un récent sondage effectué pour le compte du Washington Post, 52 % des personnes interrogées déclarent que cette guerre en vaut la peine, les républicains étant d'accord à deux contre un, les démocrates n'étant pas d'accord à plus de deux contre un.

Dans ce contexte, la crédibilité politique d'Obama dans ce dossier dépendra de la capacité de l'armée à obtenir des résultats. Obama devra pour sa part réussir à maintenir la confiance de l'opinion alors que le débat risque de s'envenimer et les pertes américaines augmenter. Les démocrates craignent en privé que l'escalade du conflit, même si on parle d'une fin à moyen terme, ne démoralise leur base progressiste et n'ait de conséquences funestes sur la participation aux élections législatives de mi-mandat de novembre 2010. Peter Feaver, un politologue de la Duke University, estime néanmoins qu'Obama est aujourd'hui en bien meilleure position politiquement que George W. Bush lorsque celui-ci a annoncé l'envoi supplémentaire de troupes en Irak en janvier 2007.

Obama et son équipe chargée de la Sécurité devront continuer à convaincre au cours des mois à venir. La bataille pour le financement de la guerre va être rude au Congrès. A la Chambre des représentants, la moitié des démocrates risquent de s'opposer aux demandes de fonds du gouvernement, et Obama devra faire appel à un gros paquet de voix républicaines pour faire passer la loi à la Chambre des représentants et au Sénat. Les réactions [au soir du 1er décembre] témoignent de l'environnement difficile dans lequel se trouve le président. Les démocrates se sont déclarés opposés à toute intensification, tandis que leurs leaders ont montré des réserves en déclarant qu'ils prendraient le temps d'étudier le projet. Les républicains ont applaudi l'envoi de renforts, mais ont presque unanimement signalé que le simple fait d'évoquer le départ des troupes brouillait le message.

Cette stratégie de sortie de la crise afghane semble également viser un autre destinataire important : le président Hamid Karzai. En annonçant que les forces américaines pourraient commencer à quitter l'Afghanistan en juillet 2011, Obama met en garde le président afghan qu'il ne pourra pas compter éternellement sur le soutien des Etats-Unis. “L'époque du chèque en blanc est terminée”, a-t-il précisé. Ailleurs dans le monde, Obama doit également convaincre ses adversaires et parvenir à persuader ses alliés de l'OTAN de fournir des troupes supplémentaires. Certains d'entre eux s'y sont engagés, mais l'effort consenti est insuffisant. Obama s'est déclaré confiant dans l'attitude des alliés "au cours des jours et les semaines à venir". Or, dans nombre de ces pays, l'opinion publique est encore plus méfiante que celle des Etats-Unis concernant cette guerre.

Obama s'est exprimé sobrement, et son discours a été accueilli dans le calme par les cadets de l'académie militaire de West Point. Certains passages ont toutefois provoqué des applaudissements, notamment quand ce dernier a déclaré : "Je refuse d'imaginer que nous ne pourrons pas retrouver cette unité. Je crois de tout mon être que nous, les Américains, nous pouvons encore nous réunir derrière un objectif commun.”

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