jeudi 5 novembre 2009

Obama prend des baffes.



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Le parti du président vient d’essuyer une défaite historique en perdant l’Etat du New Jersey. Jusqu’alors déboussolés, les républicains relèvent la tête à un an des cruciales élections de « mi-mandat ».
Un mécanique mouvement de ressac, un véritable retournement ou une gifle cinglante en attendant, l’an prochain, la déculottée ? La double défaite que vient d’essuyer, mardi, le Parti démocrate, en perdant les postes de gouverneur de l’Etat de Virginie et du New Jersey au profit des républicains, fait l’objet d’analyses contrastées outre-Atlantique. Seule certitude, ces revers électoraux signent bel et bien la fin de « l’état de grâce » pour Barack Obama, un an jour pour jour après son élection triomphale. Election « his-to-rique », grandiloquente, suscitant un enthousiasme débordant qui, rétrospectivement, apparaît sans doute comme un tantinet optimiste et exagéré. Surtout, si ces deux résultats n’affectent pas l’équilibre du pouvoir à Washington, ils sont de bien mauvais augure pour le camp présidentiel à un an des « mi-term », les élections de mi-mandat (présidentiel) qui renouvelleront l’an prochain un tiers du Sénat, l’intégralité de la Chambre des représentants et la quasi-totalité des gouverneurs du pays.

Mardi, donc, les électeurs de Virginie et du New Jersey ont donné un coup de pied à l’âne pour flatter la croupe de l’éléphant (les sympathiques animaux respectivement représentatifs des partis démocrate et républicain). Dans le premier cas, l’Etat a été promptement reconquis après un seul mandat passé sous pavillon démocrate. Celui du New Jersey, en revanche, a de quoi donner des maux de crânes aux stratèges du parti d’Obama. Car l’Etat était jusqu’alors un bastion, une forteresse démocrate. Le candidat républicain, Chris Christie, l’a emporté haut la main avec 49 % des voix sur le sortant démocrate, Jon Corzine, alors que les sondages donnaient les deux hommes au coude-à-coude.
Tous les analystes de la presse américaine s’accordent pour voir dans l’issue de ces deux scrutins – dans lesquels Barack Obama s’était personnellement impliqué – un sérieux coup de semonce pour le président. Selon le New York Times, le camp républicain est parvenu à retourner la vague » Obama (« Yes they can ! », « oui ils peuvent », serait-on tenté d’écrire). Le Washington Post, plus conservateur mais toujours mesuré, y voit un « clair avertissement adressé aux démocrates ». Quant au très populaire USA Today, il souligne que ces deux résultats pourraient préfigurer le « jugement » qui sortira des urnes dans un an. En clair, l’apocalypse nucléaire pour le Parti démocrate.


Noirs et jeunes manquent à l’appel

Que s’est-il donc produit en un an pour que l’électeur américain devienne aussi versatile qu’un vulgaire citoyen français. USA Today note que les questions économiques, et la peur au ventre face à une crise que l’on dit dépassée mais dont les effets se font sentir avec une violence inouïe, ont été au cœur des préoccupations des votants. Par ailleurs, une analyse du scrutin fait apparaître que l’électorat noir, comme le plus jeune, traditionnellement abstentionniste mais qui s’était déplacé en masse pour propulser Obama au pouvoir, a préféré, cette fois, partir à la pêche. Le grand quotidien de la capitale note, lui, que le vote des électeurs dits « indépendants » qui, eux aussi, s’étaient porté sur Obama, semblent avoir leur dose de vote démocrate.


Convalescent, le pachyderme cherche sa droite

Pour autant, les caciques du parti à l’éléphant iraient un peu vite en besogne en débouchant mieux que de la bière Bud (« light » comme il se doit, beurk). Car le Parti républicain est encore convalescent et pas tout à fait remis de la raclée prise lors des présidentielles. Une hirondelle ne fait pas le printemps et un scrutin partiel ne bouleverse pas un paysage politique. Le traumatisme de l’élection d’Obama n’est pas dirigé. D’où une perte de repères, certains disent d’identité. Laissés sans leader qui s’imposerait de lui-même, les républicains se sont lancés dans une surenchère agressive, mordant les mollets d’Obama à tout sujet. La réforme de la santé ? Ce Noir est pire que Staline et Hitler réunis ! Celle de l’éducation ? Le dingue de la Maison-Blanche veut transformer les écoles en camp de redressement idéologique à la soviétique ! L’Afghanistan ? Ce traître est incapable de se hisser à la hauteur d’un « Commander in chief » ! L’Iran ? Barack s’est fait mordre la main qu’il voulait tendre, bien fait ! Etc. Le tout mâtiné de racisme qui ne prend même plus la peine de se voiler. Le hic, c’est que ce type de discours (proche du délire mais authentique) a fini par diviser… le Parti républicain lui-même.


Sarah Palin sur le papier

Dans les Etats les plus conservateurs notamment, les plus radicaux des éléphants veulent d’abord avoir la peu de leurs congénères considérés comme trop mous ou complaisants avec Obama. Ceux-ci sont affublés du plaisant acronyme de « RINO » : Republicans in name only (ceux qui n’ont de républicains que le nom). Or cette tendance radicale, l’aile droite des républicains, s’est affirmée dans un petit scrutin du 23e district de l’Etat de New York. Problème, lors de la future présidentielle, il faudra bien sûr battre le rappel de la base du parti, mais aussi des « indépendants » que la ligne dure peut effrayer. Un véritable casse-tête. Reste, également, la question du leadership. L’inénarrable et troublante Sarah Palin ne fait pas mystère de ses ambitions. Pour l’heure, elle s’apprête à publier son autobiographie pour laquelle elle a touché un à-valoir 1,5 million de dollars. Vite, un exemplaire pour Obama, ses occasions de rigoler sont trop rares.
Edition France Soir du jeudi 5 novembre 2009 page 15





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