jeudi 3 septembre 2009

Histoire du virus H1N1


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En 1918, l'hôpital d'urgencede Camp Fuston, dans le Kansas, tente de répondre à l'afflux des malades atteints de la grippe espagnole. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Ce nouveau pathogène, comme tous les virus de pandémie grippale, est un descendant du terrible agent de la grippe espagnole.

D'où vient le virus grippal H1N1 inédit qui fait aujourd'hui le tour de la planète à une vitesse fulgurante ? Si les chercheurs n'ont pas encore fini de retracer toutes les étapes de son parcours extrêmement complexe, ils ont identifié avec certitude un de ses lointains et illustres ancêtres. «Le H1N1 de la pandémie de 2009 est un descendant de quatrième génération du virus de la grippe espagnole de 1918», soulignait récemment le Pr Anthony Fauci, des NIH (Instituts nationaux de la santé américains) dans le New England Journal of Medicine. Un arrière-petit-fils, en quelque sorte, qui ressemble finalement peu à son aïeul, tant sur le plan génétique que sur celui de sa virulence.

Le terrible virus de la grippe espagnole, qui avait fait entre 20 et 50 millions de victimes dans le monde, peut d'ailleurs se vanter de bien d'autres filiations. «Tous les virus grippaux à l'origine de pandémies ou d'alertes pandémiques au XXe siècle proviennent du virus H1N1 de 1918, après des recombinaisons plus ou moins complexes», explique le Pr Patrick Berche, microbiologiste à l'hôpital Necker de Paris. Reconstituée peu à peu par les virologues et les épidémiologistes, l'histoire des virus grippaux (dont il existe trois familles : A, B, C) et en particulier des sous-types A (H1N1) ressemble de plus en plus à une saga familiale.

Les oiseaux porteurs

Voilà donc plus de quatre-vingt-dix ans que ces agents infectieux circulent en continu dans le monde, infestant différentes espèces animales et se modifiant génétiquement en voyageant de l'une à l'autre. «Pour comprendre ce qui s'est passé depuis 1918, il ne faut pas considérer les virus grippaux comme des entités distinctes, mais imaginer leurs huit gènes comme des membres d'une équipe», explique Anthony Fauci. Une équipe dont les membres jouent ensemble… Jusqu'à être transférés dans une autre formation sportive pour la rendre plus performante.

Depuis 1918 - ce qui s'est passé avant reste un mystère, en l'absence de données scientifiques -, le principal réservoir des virus H1N1 est aviaire, les oiseaux, et en particulier les oiseaux sauvages, sont porteurs mais non sensibles à l'infection. Parallèlement, des souches de H1N1 ont circulé depuis cette date en permanence dans les espèces porcines et humaine. Chez l'homme, ces virus H1N1 se sont transformés au fil du temps et ont été responsables de grippes saisonnières banales entre 1918 et 1957. Banales à quelques exceptions près… «En 1946 et en 1950 sont apparues deux nouvelles souches assez virulentes, qui ont diffusé dans plusieurs pays avant de régresser», raconte Patrick Berche, qui assimile ces deux épidémies à des pandémies «abortives». Selon lui, le virus H1N1 actuel descendrait en ligne directe de celui de 1950, ce qui pourrait expliquer que les plus de 60 ans soient relativement protégés actuellement.

En 1957, coup de théâtre. Les virus H1N1 quittent brutalement la scène humaine. Ils disparaissent complètement pour être cette année-là remplacés par une nouvelle souche, H2N2, à l'origine de la deuxième pandémie grippale du XXe siècle, apparue en Asie. «Le virus A (H2N2) est nouveau, les anticorps issus des infections antérieures ne se révèlent d'aucune efficacité contre lui, car il est le résultat d'un réassortiment entre virus humains (H1N1) et aviaires», écrit le Pr Claude Hannoun, un des spécialistes de cette maladie en France, dans son ouvrage La Grippe : ennemie intime, à paraître le 10 septembre.

Un événement capital en 1998

Comme c'est souvent le cas, le nouveau virus pandémique «cannibalise» totalement les autres. «Les virus H1N1 ne réapparaîtront chez l'homme que vingt ans plus tard, en 1977, poursuit Patrick Berche. Et, ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils reviennent alors génétiquement identiques à ceux de 1950. Les scientifiques pensent aujourd'hui qu'il s'agit soit d'un virus congelé quelque part qui a ressurgi, soit d'une contamination provenant d'un laboratoire.» Après 1977, ces virus H1N1 reprennent leur circulation hivernale classique dans l'espèce humaine.

En 1998, un événement capital pour la suite va se produire chez des porcs américains : un virus H1N1 porcin se recombine avec des souches aviaires et humaines. Quelques cas humains d'infection par ce nouveau virus complexe ont été décrits ces dernières années aux États-Unis. En avril dernier, quand les scientifiques du centre de contrôle des maladies (CDC) ont disséqué le génome du nouveau H1N1, ils ont retrouvé six gènes de l'agent isolé en1998, associés à deux gènes provenant de virus infectant des porcs européens… Comment s'est faite cette dernière rencontre génétique ? Retrouvera-t-on un jour le tout premier patient infecté ? Pour les scientifiques, il reste encore beaucoup d'inconnues. Mais ils sont de plus en plus nombreux à suggérer qu'une surveillance plus attentive du monde porcin aurait permis une détection plus précoce de ce nouveau H1N1.




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