La maladie de Crohn est une affection chronique du tube digestif se localisant préférentiellement au niveau de l’iléon (la partie finale de l’intestin grêle) et du colon. Elle se manifeste par des poussées suivies de phases de rémission et se caractérise par des douleurs abdominales, un amaigrissement, une diarrhée et de la fièvre. Dans les cas les plus graves, le traitement chirurgical, qui consiste en l’ablation d’une partie de l’intestin, est parfois nécessaire
En France, plus de 50 000 personnes en souffrent et ce chiffre augmente régulièrement.25% des patients atteints de la maladie de Crohn portent une mutation dans le gène NOD2, mais son mode d'action n'est pas connu. La dernière étude menée par le Dr Marcel Behr, de l'Université McGill, au Québec, lève partiellement le voile sur ce mécanisme. Elle a été publiée le 9 juillet dans la revue Journal of Experimental Medicine.
Le gène NOD2 définit un récepteur de notre système immunitaire qui, en temps normal, reconnait les bactéries et lance un signal de combat. Cette étude prouve que le récepteur NOD2 reconnait de façon préférentielle un peptide appelé N-glycolyl-MDP, qui se trouve uniquement dans une certaine famille de bactéries : les mycobactéries. Ainsi, lorsqu'une mycobactérie envahit le corps humain, elle provoque une réponse immunitaire immédiate et très forte par l'intermédiaire du récepteur NOD2.
« Maintenant que nous connaissons mieux le rôle normal de NOD2, il est possible de faire l'hypothèse que sa mutation empêche de reconnaitre correctement les mycobactéries, » explique le Dr Behr. « Puisque les mycobactéries ne sont plus reconnues, elles ne sont pas combattues efficacement et peuvent infecter le corps de façon persistante. »
Le lien entre la présence de mycobactéries et la maladie de Crohn était déjà connu des chercheurs, mais sans savoir si la présence des bactéries était une cause ou une conséquence de la maladie. Cette nouvelle découverte permet d'associer la prédisposition à la maladie de Crohn avec la mutation du gène NOD2 et la présence de mycobactéries : une association qui rapproche les chercheurs du mécanisme de développement de la pathologie.
D'autres recherches seront nécessaires pour aboutir à une explication satisfaisante. Mais celles-ci ouvriront probablement aussi de nouvelles approches thérapeutiques pour combattre la maladie de Crohn.
Les mycobactéries sont des bactéries mal colorées par coloration de Gram et bien colorées par la coloration de Ziehl-Neelsen où elles apparaissent rouges sur fond bleu. Elles sont phylogénétiquement classées parmi les bactéries Gram-positives à haut GC %. Il s'agit d'un genre bactérien extrèmement polymorphe qui comporte des mycobactéries à croissance rapide (moins de 7 jours pour produire des colonies visibles), des mycobactéries à croissance lente (7-60 jours pour produire des colonies visibles) et une espèce non-cultivée en dehors des animaux, Mycobacterium leprae, agent de la lèpre. L'analyse basée sur la séquence du gène 16S ARNr permet de décrire les principaux groupes de mycobactéries. Egalement, le pouvoir pathogène va de la simple contamination jusqu'aux infections mortelles telles que la tuberculose due aux espèces du complexe Mycobacterium tuberculosis. De nombreuses espèces nouvelles ont été décrites depuis dix ans à partir de l'utilisation de nouvelles techniques moléculaires d'identification basées sur le séquençage de gènes appropriés. Certaines espèces sont responsables d'infections émergentes ayant l'eau comme source de contamination.
J.I.
Sciences-et-Avenir.com
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