vendredi 31 juillet 2009

Le premier dirigeable solaire


http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60161.htm


Un siècle après l'exploit réalisé par Louis Blériot, à bord de son Blériot XI, une équipe constituée d'étudiants de grandes écoles d'ingénieurs et de commerce a décidé à son tour de traverser la Manche, mais à bord de Néphélios, le premier dirigeable à énergie solaire conçu dans le cadre du projet Sol'R. C'est à la fin du mois d'août prochain que cet engin devrait se lancer dans cette traversée. Parallèlement, cette équipe prépare déjà une seconde version de ce dirigeable, équipée de panneaux solaires et d'une pile à combustible, qui pourrait être prête avant la fin de cette année. Il leur restera alors à franchir l'ultime étape que ces "nouveaux pionniers" se sont fixés : concevoir un dirigeable plus important pour tenter de traverser l'Atlantique courant 2010!





"Le projet Sol'R relève un défi particulièrement osé : faire voler un dirigeable avec l'énergie du soleil. Il s'inscrit dans la lignée de ces pionniers qui ont sans cesse repoussé les limites de l'aéronautique : hier la vitesse et l'endurance, aujourd'hui le développement durable", déclare Gérard Feldzer, le directeur du Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget qui soutient ce projet né dans la tête de deux élèves ingénieurs, Aloun Vangkeosay, de l'Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon, et Thomas Raphaël, de l'EPF, une école d'ingénieurs généraliste. Dans les veines de ces deux amis qui se connaissent depuis le lycée coule sans doute la même passion qui animait les pionniers de l'aéronautique. Alors certes les cours dispensés dans les grandes écoles leur sont utiles, mais ces élèves-ingénieurs sont impatients de pouvoir enfin bâtir des projets, les développer, de A à Z, avant d'en tester les performances sur le terrain.

Cette impatience est d'autant plus grande que Aloun s'intéresse aux ballons et a déjà conçu une montgolfière. Quant à Thomas, il s'intéresse aux dirigeables. Aussi, courant 2007, contactent-ils plusieurs personnes, dont Stéphane Rousson, spécialiste des dirigeables, qui a lui-même développé plusieurs de ces engins volants dans le cadre de différents projets. Il leur indique entre autres que l'avenir est aux dirigeables à énergie solaire. Nous sommes alors en novembre 2007 et Aloun et Thomas décident de se lancer dans un projet auquel ne tarde pas à s'intégrer Arnaud Vaillant, étudiant à l'ESSEC. "Le projet a véritablement démarré fin 2007. Nous avons alors commencé à constituer les premières équipes techniques. Une fois les équipes en place, il a fallu s'atteler à la recherche de financements dès mai 2008. Et c'est à la rentrée de septembre 2008 que les premiers projets, notamment pour concevoir la nacelle, ont été lancés", résume Arnaud Vaillant, responsable financier du projet.

Lycéens, étudiants et ingénieurs autour d'un même projet

Aujourd'hui, une trentaine d'étudiants et d'ingénieurs bénévoles travaillent au développement de Sol'R, que sponsorisent l'INSA, l'ESSEC, l'EPF, l'ADEME et Total. Plusieurs partenaires techniques sont impliqués dans ce projet : ENR Systems, ULX Sarl, Endlessflyers, me2solar, l'Insitut National de l'Energie Solaire (INES) et Dirisoft. Quant à la Fondation Air Liquide, elle s'est engagée à fournir l'hélium nécessaire. Le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget participe aussi à Sol'R, non seulement en soutenant le projet depuis son lancement mais aussi en accueillant ses équipes. C'est en effet dans la salle des "Huit Colonnes" de ce musée qu'a été construite l'enveloppe du dirigeable. Un énorme travail commencé le 2 mai dernier. Imaginez! L'enveloppe est constituée de 12 laizes d'un tissu technique, chacune d'entre elles étant longue de 25 mètres. Quatre collages étant nécessaires, il a donc fallu effectuer 100 mètres de collage par laize. A l'intérieur de cette enveloppe, des ballonnets remplir d'air, que l'on peut gonfler ou dégonfler, permettent de régler l'assiette du dirigeable.



Cette enveloppe est équipée de panneaux solaires flexibles disposés sur la partie supérieure. En tout, 40 mètres carrés dont le rendement est d'environ 6%. "Nous ne cherchons par la performance absolue, notre principal objectif étant de réussir à traverser la Manche. Aussi avons-nous opté avant tout pour des panneaux solaires très résistants, utilisés par l'armée sur des théâtres d'opérations", précise-t-il. L'énergie ainsi recueillie alimentera un moteur électrique installé derrière la nacelle de pilotage dotée de deux hélices bipales, placées sur le côté de l'enveloppe, qui permettent une orientation à 360°. Afin de privilégier la sécurité, l'équipe a opté pour le 24 volts pour ce premier dirigeable, mais souhaite s'orienter vers le 48 volts pour ses prochains prototypes. Quant à la nacelle, elle a été conçue par des élèves de l'INSA Lyon, en collaboration avec des élèves de lycées techniques. "C'est une des particularités du projet Sol'R d'avoir des équipes qui couvrent tous les niveaux d'études, du lycée technique au 3ème cycle universitaire, sans oublier la participation de plusieurs ingénieurs. Ainsi le système permettant de générer de l'électricité à partir de l'énergie solaire a été conçu par Jordi Veirman, un chercheur de l'INES.



Une traversée qui ne sera pas de tout repos

"A présent, il nous reste à faire voler ce dirigeable", lâche Arnaud Vaillant. Des tests sont en cours. Certes, un prototype ne nécessite pas de certification pour pouvoir voler. Cela dit, les responsables du projet ont souhaité faire comme s'il s'agissait d'homologuer l'appareil. D'où la réalisation d'un manuel d'utilisation, d'un manuel de sécurité et de différentes fiches techniques. Concernant plus particulièrement la partie vol proprement dite, l'équipe s'est entourée de pilotes de dirigeables et de pilotes d'essais d'avions qui leur prodiguent les conseils nécessaires. Dans quelques semaines, ce sera le grand jour. Et n'allez surtout pas croire que traverser la Manche soit une formalité. "Le vent est élément fondamental dans le pilotage d'un dirigeable. Or le fait qu'il s'agisse d'un bras de mer pris entre deux côtes génère des systèmes de brises très complexes au-dessus de la Manche. De plus, il existe au milieu de ce bras un banc de sable qui chauffe en été, d'où des perturbations thermiques en altitude", indiquent les responsables du projet. La tentative de Nephélios ne sera donc pas de tout repos.




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