Le crâne de Kocabas

Si les vestiges préhistoriques sont assez nombreux en Turquie comme en témoignent les outils taillés et les restes de grands mammifères découverts dans les grottes de Karain, près d’Antalya ou le site en plein air de Kaletepe Deresi 3 près de Nigde, les restes humains fossiles sont rares. Seuls quelques dents et des éléments du squelette, attribués à l’homme de Néandertal, ont été découverts dans les niveaux datés de -250.000 ans de la grotte de Karain E.

C’est donc une découverte majeure, bien que fortuite, qui a été réalisée dans les carrières de la région de Denizli, près du village de Kocabaç, exploitées par l’entreprise Dalmersan. Dans ces travertins, datés d’environ -500.000 ans, la moitié supérieure d’une calotte crânienne a échappé aux lames des machines. Du point de vue anatomique, ce crâne présentant un épais bourrelet au-dessus des orbites pourrait être attribué, selon les auteurs de l’article, paru récemment dans l’American Journal of Physical Anthropology, à un Homo erectus. Cependant, il n’y a pas de consensus entre les chercheurs sur la définition de cette espèce fossile au niveau de sa répartition géographique (Afrique et/ou Asie, Europe) et chronologique (de 1,8 million d’années à 300.000 ans pour certains ou seulement à partir de 500.000 ans).

Au carrefour de l’Afrique et de l’Eurasie, le fossile turc constitue donc un jalon désormais incontournable pour mieux apréhender l’évolution de l’homme à l’échelle de l’ancien monde. De plus, les auteurs ont mis en évidence, sur la face interne de l’os frontal du spécimen de Kocabaç, la présence d’une leptomeningite tuberculeuse. Comme cette pathologie se manifeste plus fréquemment chez des populations à peau foncée peu exposées aux rayons ultra-violets, les auteurs concluent à la difficulté, pour ces hominidés venus d’Afrique il y a 500.000 ans, de s’adapter aux conditions d’insolation des zones plus nordiques. S’il est certain que pour coloniser de nouveaux territoires, l’homme préhistorique s’est adapté morphologiquement, les effets biologiques de ces changements sont difficiles à mettre en évidence à partir du matériel fossile. C’est donc, là encore, une contribution importante de cette découverte réalisés récemment dans l’est de la Turquie.

Le crâne de Kocabaç sera présenté lors de l’exposition " Les premiers peuplements de la Turquie" à partir d’octobre 2008 au Musée des civilisations anatoliennes d’Ankara. Cette exposition a été montée avec la collaboration de l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris, l’Université d’Ankara, l’Institut Français d’Ankara et l’Ambassade de France en Turquie.

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55700.htm

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