Des minuscules fragments de lin, vieux de 36 000 ans, ont été mis au jour dans les couches d'argile d'une grotte située dans l'ouest du pays.
De minuscules fibres de lin datant de 36 000 ans ont été découvertes par hasard dans le sol d'une grotte située en Géorgie. Plus de 700 fragments de cette plante textile ont été mises au jour par une équipe de paléontologues américains et géorgiens pilotée par Eliso Kvavadze (Science, 12 septembre 2009). Leur objectif initial consistait à analyser les pollens déposés dans les différentes couches d'argile de la grotte de Dzudzuana pour étudier les fluctuations de températures au cours des milliers d'années.
La grotte de Dzudzuana - une immense cavité de 160 mètres de long - fut occupée par l'homme durant une bonne partie du paléolithique supérieur, entre 35 000 et 10 000 ans avant notre ère. Elle a déjà livré de nombreuses lames de pierres et des os d'animaux.
Plusieurs fibres de lin portent des marques de torsion pouvant faire penser qu'elles ont été intentionnellement travaillées. L'une d'entre elles paraît même avoir été nouée. Les chercheurs ont également repéré des traces de couleurs sur certaines : jaune, rose, turquoise, noir et gris. Ces couleurs pourraient avoir été produites par des teintures obtenues à partir de racines ou de tiges de plantes poussant dans la région. Les chercheurs ont également découvert des empreintes de fibres plus récentes datant de 21 000 et 13 000 ans.
À quoi ont pu servir ces fibres ? C'est évidemment toute la question. Pour les auteurs de l'étude, plusieurs indices laissent penser qu'elles pourraient avoir servi à faire du tissu, du fil, des vêtements, des cordes et des paniers.
«Invention essentielle pour les premiers humains»
Parmi ces indices, «des poils de mouflons et des fragments de mites» qui peuvent être là parce que les hommes «confectionnaient des fourrures, des peaux de bête et des vêtements». Cette hypothèse est renforcée par la présence de spores de chaetomium, un champignon poussant habituellement sur les tissus et les plantes textiles tout en les rongeant.
Si le scénario des chercheurs est exact, il s'agirait là des premières traces de textiles travaillés par l'homme. Les plus anciens fragments de tissus connus à ce jour - des empreintes laissées sur des petits objets d'argile - datent de 28 000 ans. Ils ont été découverts à Dolni Vestonice, un site archéologique célèbre en République tchèque.
«La maîtrise du textile fut une invention essentielle pour les premiers humains», souligne Ofer Bar-Yosef, de l'université de Harvard, l'un des principaux coauteurs de l'étude. Les objets et vêtements créés avec les fibres ont accru les chances de survie des populations et leur capacité à se déplacer dans les dures conditions de cette région montagneuse, note l'archéologue.
Les chercheurs savent déjà ce qu'il leur reste à faire : trouver les preuves irréfutables que les brindilles de lin ont été apportées dans la grotte par les hommes. «Ils ont pu être transportés par le vent et entortillés lors des analyses en laboratoire. Les colorants ont pu être apportés par les minéraux présents dans le sol», relève en effet Irene Good, de l'université de Harvard.
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1 commentaire:
Write commentsQue de découvertes récentes sur la période aurignacienne : flûte (plus ancien instrument de musique au monde), vénus (plus ancienne représentation humaine de l'humanité) et maintenant textile (coloré en plus) !
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