Fouilles fructueuses sur le site mythique des marquises



(Tahitipresse) -
Des centaines d'objets ont été trouvés à Hane sur l'île de Ua Huka aux Marquises par l'équipe du professeur Éric Conte, directeur du CIRAP (Centre International de Recherche archéologique sur la Polynésie). Outre dix-sept squelettes humains, des hameçons, une tête de harpon, des poids de pêche, des grattoirs en os et en coquillage, ou encore trois peignes à tatouer en nacre, ont été également mis a jour. Après analyse, ces objets enrichiront le musée de la mer à Hane.


"Depuis le début des années soixante, les techniques de fouille ont beaucoup évolué, entre autres, les analyses et les datations. Il était important de faire bénéficier ce site de ces nouvelles avancées", indique Éric Conte responsable "du projet Hane" parrainé par Air Tahiti Nui et Air Tahiti.
Le site archéologique de Hane avait été fouillé en 1964 et 1965 par Y. Sinoto et M. Kellum et bien des questions se posaient déjà, notamment sur l'ancienneté du site et la chronologie de ses différentes occupations.
De plus, ce site ayant fait l'objet d'une publication très partielle, il restait encore beaucoup à connaître sur la vie des hommes qui, il y a peut-être 1000 ans, vivaient sur la dune de Hane.


Le projet de Hane a revêtu plusieurs aspects. Outre la fouille du site lui-même, un tournage d'un documentaire pédagogique a été réalisé, expliquant les méthodes des archéologues, mais aussi les réponses que cette discipline peut apporter sur le passé. Sur place, plusieurs écoles de l'île ont suivi le chantier et ont été sensibilisées sur l'archéologie.

Les anciens se souviennent.


"Les travaux de Sinoto et Kellum, sous forme de très nombreux sondages et de tranchées, avaient touché la plus grande partie de la dune et l'on ne disposait pas d'une cartographie précise des zones concernées par ces premières recherches", commente Éric Conte qui poursuit : "Lors des cyclones de 1983, une partie de la dune avait été emportée par la rivière. Aussi, la question se posait : restait-il encore une partie de la dune non touchée par les travaux anciens ?"
Avec l'aide de témoignages de personnes âgées ayant, à l'époque, travaillé avec Sinoto, et en s'aidant de photographies de l'époque, il a été possible de repérer une zone non encore fouillée du site.
Les anciens de l'île racontent qu'au moment de la fouille de Sinoto, s'élevaient sur la dune, un séchoir à coprah et une petite maison sous lesquels l'archéologue hawaïen n'avait pas pu fouiller. C'est à cet endroit que l'équipe d'Éric Conte a ouvert sa fouille, sur une surface modeste (20m2) mais qui, étudiée avec grand soin, devrait être riche d'informations.

Comprendre les mécanismes de peuplement


Lors de la fouille, dix-sept squelettes humains ont été retrouvés et étudiés par le Pr. Pascal Murail (Université de Bordeaux 1). Cela permettra de mieux connaître les caractères physiques et la situation sanitaire des anciens Marquisiens.
Les analyses ADN qui seront faites contribueront à l'étude des origines des Polynésiens et des mécanismes de peuplement des îles par l'homme.
Il est également possible de comprendre les pratiques funéraires (traitement des corps, etc.) et, à travers elles, d'atteindre les conceptions que les anciens Marquisiens avaient de l'au-delà. Ces squelettes humains seront à nouveau inhumés dans le cimetière de Hane.

Les 120 vestiges vont-ils parler ?


"Durant la fouille, on a aussi retrouvé une quantité très importante de vestiges d'ossements d'animaux (notamment de poissons et d'oiseaux) et de coquillages", informe le professeur Eric Conte qui constate que "grâce à ces restes, il sera possible mieux connaître la biodiversité terrestre et marine au moment de l'occupation du site".
Les 120 vestiges (hameçons, une tête de harpon, des poids de pêche, etc...) retrouvés sur le site vont compléter cette approche de l'exploitation des ressources marines. Ils vont également permettre une meilleure information sur la technologie des instruments de pêche des Marquisiens.
"Des instruments particuliers, comme des grattoirs en os et en coquillage, ou trois peignes à tatouer en nacre, nous permettent d'aborder d'autres aspects de la vie des anciens habitants du site", remarque le professeur dont les fouilles ont été filmées par Axel Lichtlé de la chaîne de télévision polynésienne TNTV.

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