Inventeurs, penseurs, chercheurs, ils explorent de nouvelles pistes, qui convergent vers un but commun : vivre mieux demain sans hypothéquer les chances des futures générations d'en faire autant. commence une nouvelle vie. Au soleil du Midi, qui a illuminé son enfance et qui, espère-t-il, va faire prospérer sa nouvelle activité : la culture de micro-algues.
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Le monde de la mer, il y est tombé au berceau, ou presque, en découvrant, grâce au commandant Cousteau, la richesse du milieu océanique. "Je regardais la mappemonde et je me disais que 71 % de la surface du globe, recouverts d'eau, étaient inutilisés alors qu'ils pourraient servir à nourrir l'humanité", raconte-t-il.
Cette passion précoce pour l'aquaculture marine sera le fil rouge de sa carrière professionnelle. Après un diplôme d'océanographie biologique, il obtient une bourse du Centre national pour l'exploitation des océans (Cnexo), ancêtre de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), afin d'étudier la production des artémias (des petits crustacés) aux Salins du Midi, puis de réaliser les premières fécondations artificielles de turbots dans le Finistère.
Il part ensuite au Japon, alors référence mondiale des aquaculteurs, pour se familiariser avec l'élevage des coquilles Saint-Jacques, des huîtres perlières et des crevettes. De retour en France, il est recruté par EDF, qui, avec l'eau chaude rejetée par les centrales nucléaires, met en place des bassins expérimentaux de pisciculture. Puis il rejoint le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) qui, à Cadarache, travaille déjà sur les micro-algues. A l'Ifremer, enfin, il se spécialise dans la production de ces plantes microscopiques.
Voyant approcher l'heure de la retraite, il décide de capitaliser son expérience. Avec un collègue retraité, il crée, en 2007, la société Microphyt, pour "petits végétaux". Il achète un terrain sur la commune de Baillargues, près de Montpellier, et entreprend de lever 500 000 euros pour installer ses premiers photobioréacteurs : d'immenses tubes de verre confinés dans lesquels la croissance des végétaux, par photosynthèse, peut être contrôlée, sans risque de pollution par des micro-organismes étrangers.
Le procédé n'est pas nouveau. Ce qui l'est, c'est l'absence de rejet de gaz carbonique. Pour doper la production algale, du CO2 est en effet injecté dans ces bioréacteurs. Or les systèmes habituels en relâchent environ 30 % dans l'atmosphère, du fait de la nécessaire ventilation des tubes de culture, dans lesquels la photosynthèse génère un excès d'oxygène nocif pour les plantes.
Le cahier des charges de Microphyt prévoit de supprimer tout relargage de CO2, par un dispositif de récupération et de réinjection en boucle ou par l'adjonction d'une pile à combustible brûlant l'oxygène. C'est ce qui vaut à Arnaud Muller-Feuga d'être un des six finalistes du Prix international scientifique de la Fondation Altran pour l'innovation, dont le lauréat sera désigné en janvier 2009.
Avec, escompte-t-il, six collaborateurs à la fin 2009 et une quinzaine d'ici à 2013, le chercheur reconverti en entrepreneur vise le marché de la parapharmacie, où les microalgues sont utilisées pour la confection de crèmes hydratantes, de lotions solaires, de soins amincissants ou de compléments alimentaires. La production d'agrocarburants à partir d'algues lui paraît, en revanche, "encore très loin d'être compétitive".
Déjà, il a dans ses cartons un nouveau projet : une culture de micro-algues à grande échelle, dans des aquariums géants flottant en pleine mer.
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