EXTRAITS DES ÉCOUTES QUI ONT CONDUIT À LA MISE EN EXAMEN DE NICOLAS SARKOZY

JUSTICE - Nicolas Sarkozy, mis en examen pour corruption, a bien promis au téléphone d'intervenir pour aider le haut magistrat Gilbert Azibert à obtenir un poste de prestige à Monaco, avant de renoncer subitement, selon des extraits d'écoutes diffusées par Le Monde samedi 12 juillet.
Selon ces extraits, l'ex-chef de l'Etat et son avocat Thierry Herzog évoquent plusieurs fois le désir de Gilbert Azibert, alors en poste à la Cour de cassation, d'être nommé dans la Principauté. Or, Gilbert Azibert a lui aussi été mis en examen, soupçonné d'avoir obtenu des informations couvertes par le secret et renseigné le camp Sarkozy dans l'affaire Bettencourt.
"Je l'aiderai", dit Nicolas Sarkozy à Me Herzog le 5 février, sur un téléphone acheté sous le faux nom de Paul Bismuth. "Moi, je le fais monter." Et l'ancien président d'ajouter: "appelle-le aujourd'hui en disant que je m'en occuperai parce que moi je vais à Monaco et je verrai le prince".
Le 24 février, dans une nouvelle conversation, Nicolas Sarkozy annonce à son avocat que son intervention est imminente: "tu peux lui dire que je vais faire la démarche auprès du ministre d'Etat demain ou après-demain".
Le lendemain, les choses se précisent encore: "je voulais te dire, pour que tu puisses le dire à Gilbert Azibert, que j'ai rendez-vous à midi avec Michel Roger, le ministre d'Etat de Monaco (...) Je t'appellerai pour te dire ce qu'il en est".
Au courant des écoutes, "ils auraient donc adapté leur discours"
Mais finalement, Nicolas Sarkozy rappelle son avocat le 26 février, cette fois sur son téléphone "officiel", celui dont les enquêteurs pensent qu'il savait qu'il était sur écoute. L'ancien président affirme alors qu'il a renoncé: "j'ai trouvé que ça ferait un peu ridicule donc j'ai préféré ne pas en parler", dit-il notamment. Quelques minutes plus tard, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog vont avoir une conversation similaire, mais sur leur portable secret, selon Le Monde.
D'après le quotidien, les enquêteurs "pensent avoir établi" que Nicolas Sarkozy et son avocat ont appris le 25 février que la ligne secrète était aussi sur écoute et qu'"ils auraient donc adapté leur discours" et "éventuellement, leurs actes". "M. Azibert était candidat à un poste à Monaco. Il ne l'a pas eu. Me Thierry Herzog m'a demandé si je pouvais faire une démarche. je n'ai pas fait cette démarche", avait expliqué à propos de l'affaire Nicolas Sarkozy lors d'une interview donnée quelques heures après sa mise en examen.
Toujours selon Le Monde, le ministre d'Etat de Monaco, Michel Roger, a confirmé aux enquêteurs que Nicolas Sarkozy l'avait appelé au téléphone le 25 février mais qu'il n'avait pas évoqué Gilbert Azibert.

L'information judiciaire pour trafic d'influence et violation du secret de l'instruction, élargie ensuite à des faits de corruption, avait été ouverte le 26 février. Le délit de corruption peut être constitué par une simple promesse en faveur d'une personne dépositaire de l'autorité publique pour la pousser à agir en vue d'obtenir un avantage.

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