Erreurs de diagnostic : une vie fichue

Son calvaire a commencé il y a 12 ans, quand, après le choc émotionnel lié à un licenciement, des problèmes d'équilibre ont commencé à se déclarer dans sa démarche. Des proches lui ont conseillé de consulter un neurologue qui lui signale alors que sa façon de se déplacer est un langage, reflet de sa souffrance : tous les problèmes de Lise (*) auraient donc une source mentale. Il préconise une hospitalisation d'office dans un établissement psychiatrique de Dijon, où son séjour s'éternise. Elle doit vendre sa maison.
Après sa sortie, elle chute, encore, presque à chacun de ses déplacements, elle consulte beaucoup de médecins, pour en savoir plus, mais aucun ne se détache de l'idée selon laquelle tout chez Lise est psychologique.
Des séquelles irréversibles
Deux ans plus tard, en 1999, un médecin a le réflexe de lui faire passer un scanner… « Enfin quelqu'un me parlait de maladie autre que mentale », témoigne-t-elle. Le diagnostic ? Une hydrocéphalie, anomalie neurologique qui, effectivement, peut entraîner signes de confusion (démence), ataxie à la marche et incontinence.
Pour elle, il est déjà trop tard. Sa famille s'est éloignée d'elle, avertie par les psychiatres de son état mental imprévisible. C'était faux. Le 20 mai 1999, son opération la remet sur pied, elle retrouve espoir… Cinq mois plus tard, la descente aux enfers reprend : des signes de paralysie se manifestent sur son visage. L'IRM dévoile, le 10 janvier 2000, une tumeur au cerveau, assez vieille pourtant (au moins trois ans) pour être plus tôt repérée.
Plusieurs procès engagés
« Si l'on m'avait fait passer ce genre d'examen dès le début, beaucoup de choses auraient pu être évitées »
, regrette-t-elle. Les suites de l'opération ? Une paralysie faciale, ainsi que la surdité de l'oreille droite.
Mais ses douze années de souffrance ont également été émaillées d'insomnies et de cauchemars, de dépressions, de tentatives de suicide également : « Je voulais juste être entendue, reconnue ! », lance-t-elle.
Aujourd'hui, deux procédures judiciaires sont en cours. La première vise le médecin qui le premier l'a orientée d'office vers les couloirs d'un hôpital psychiatrique, « c'est là que mes proches ont commencé à douter de moi, sous prétexte que tout était " dans ma tête " selon les neurologues et les psychiatres », explique-t-elle.
Le second procès est pour elle un combat tout aussi important : « J'ai six petits- enfants, que je ne connais toujours pas à cause de ces événements. J'ai donc entrepris une procédure pour avoir un droit de visite, au cours de laquelle ma fille a demandé l'expertise d'un psychiatre », explique Lise. Et d'ajouter : « Sauf que le médecin qui a été choisi pour m'observer n'était autre que celui qui avait fait l'erreur médicale ! ».
Si l'issue du premier procès lui a été favorable - le psychiatre a été reconnu coupable, elle s'est donc vu accorder le statut de victime -, l'issue du second l'a replongée dans la détresse.
« Alors que j'ai perdu ma famille, ma maison, ma santé, je me suis sentie après cette décision comme quelqu'un dont on enfoncerait la tête sous l'eau en clamant haut et fort : elle est folle ! », estime-t-elle.
Si elle considère l'avancée de son premier procès comme une « victoire humaine », elle lance aujourd'hui un appel au secours pour avoir, enfin, le droit d'approcher ses petits-enfants.
Un drame à l'issue incertaine…
Benjamin HUTTER
(*) Le prénom a été modifié.

source.

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