« Ne ramassez pas les cailloux » de notre Histoire

Robert Putinier est un passionné. Grâce à son travail de photographe à l’université Lyon 1, il a accompagné plusieurs équipes de fouilles archéologiques dans le désert, notamment en Libye. Mais c’est au fil de ses promenades dans la région que le désormais retraité a affuté son regard. Depuis sept ans, il rentre rarement chez lui sans rapporter un caillou qui a retenu son attention. Une fois dans sa maison de Monchat, à Lyon, il l’examine soigneusement à la loupe, note où il l’a trouvé, puis le range parmi d’autres sur une table, selon sa taille et sa forme.

Il possède donc une collection impressionnante d’un gros millier de pierres. De vulgaires cailloux ? Pas tous. Soumises à l’œil d’un expert, les tables révèlent beaucoup d’éclats de lames, une sorte de petite hache pour couper les arbustes, un demi galet plat qui devait servir à tailler du cuir, un grattoir, quelques pointes de flèches issues de la technique « Levallois » inventée par l’homme de Neandertal il y a 500 000 ans… Au total, au moins 200 pièces portent la trace de la main de l’homme, dont plusieurs sur une période allant de 250 000 ans à 30 000 ans avant notre ère, soit le paléolithique moyen.

« J’aime bien sa tête à celui-là », commente Robert Putinier en soulevant un caillou déniché au Mont Thou. « C’est toujours sur les hauteurs que j’en trouve le plus ». Fourvière et les collines des Mont-d’Or ont ainsi fourni bon nombre de pierres taillées. Son souhait : être pris au sérieux. « Les revues spécialisées affirment que le territoire lyonnais a été peuplé à une époque relativement récente. Or j’ai la preuve que des hommes ont occupé les lieux bien avant » s’agace-t-il. Reste le plaisir. « Je trouve fascinant de toucher une pierre façonnée par mon ancêtre lointain ».


Muriel Florin


« Ne ramassez pas les cailloux »


Laisser les pierres où elles sont, c’est le point de vue de Christian Sermet, conservateur du patrimoine et archéologue de formation.


Comment reconnait-on un caillou d’un objet façonné ?

Lorsque l’homme préhistorique veut donner une forme à un caillou, il prépare toujours son coup. Ce plan de frappe produit toujours une petite surface plane, et des ondes de choc qui laissent des traces caractéristiques. Une fois cette forme générale donnée, il retouche l’objet de manière plus ciblée, pour faire un tranchant ou un racloir par exemple. Ceci laisse des traces de taille de part et d’autre qui ne peuvent être naturelles. Le poli de la pierre nous permet aussi de repérer des traces d’usage.


Que faut-il faire lorsqu’on voit une pierre qui nous semble façonnée ?

Quelque objet que ce soit, il faut le laisser sur place, et prévenir la mairie de sa commune et les services régionaux de l’archéologie.


Archéologie

Selon les services archéologiques de la Ville de Lyon, la plupart des traces d’habitat datent du néolithique (-5500 à -2200 avant notre ère). Une seule remonte à l’épipaléolithique, c’est-à-dire entre -12000 à -9500. Une découverte récente à Vaise a établi une présence au mésolithique, entre les deux périodes. Les glaciers de la période du Riss (de -250000 à -180000) sont souvent cités comme explication de cette présence relativement récente sur un site propice. En revanche, ceux du Wurm (dernière période de glaciation entre -115000 et -20000) n’empêchent rien car ils s’arrêtaient certainement à 15 km Lyon. Reste à distinguer une trace d’habitat de celle qui témoigne d’un simple passage. Dans le premier cas, des milliers de silex sont rassemblés sur un site, précise Christian Sermet. Dans l’autre, seulement quelques-uns. En l’absence de fouilles sérieuses sur les traces de Robert Putinier; la question est ouverte.


source:leprogres.fr




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