Un robot pour assister les chirurgiens.

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Bertin Nahum, un Français, d'origine béninoise, en 4ème position dans le classement des dix entrepreneurs de pointe les plus révolutionnaires de la planète établi par Discovery Series, qui plus est derrière Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron, ce n'est évidemment pas banal! Alors qu'en France on parle de "redressement productif", cette information a même une saveur toute particulière. Elle rappelle en effet que les innovateurs ne manquent pas dans ce pays mais que, bien souvent, ils ne sont pas ou peu reconnus, du moins à domicile. Fondateur de Medtech, une petite entreprise qui compte aujourd'hui une vingtaine de personnes, Bertin Nahum, après avoir conçu BRIGIT et ROSA, deux "robots chirurgiens" dédiés, l'un à la chirurgie orthopédique, l'autre à la neurochirurgie, travaille au développement d'un troisième robot centré sur le rachis. Les premières opérations à l'aide de ce dernier devraient être réalisées fin 2013, début 2014.


La fibre entrepreneuriale ? Bertin Nahum ne sait pas si on l'a ou pas naturellement. Il se rappelle qu'à sa sortie de l'Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon, qu'il avait intégré en quatrième année, ce qui est rare, après avoir fait un Master of Science en robotique à la Coventry University en Angleterre, il n'avait pas de velléité de créer une entreprise. "Les écoles d'ingénieurs en général ne cherchent pas à développer cet aspect là chez leurs élèves", observe-t-il. C'est pourquoi, une fois son diplôme d'ingénieur en poche, il a commencé à travailler dans le secteur de la robotique chirurgicale, un domaine qu'il avait découvert à l'INSA en participant à la conception d'un logiciel capable de détecter automatiquement des lésions crâniennes à partir de scanners. Après différentes expériences professionnelles chez Computer Motion Inc., Integrated Surgical System Inc. et IMMI SA, où il parfait ses connaissance en chirurgie cardiaque et orthopédique mais aussi en neurochirurgie, convaincu qu'il existe un marché potentiel pour des robots chirurgiens, il décide de créer son entreprise et, pour commencer, de mûrir son projet dans l'incubateur de l'Ecole des Mines d'Ales pour y être "accompagné". Lauréat du Concours nationale d'aide à la création d'entreprises innovants en juillet 2002, il fonde aussitôt Medtech, basée aujourd'hui à Montpellier.

"Medtech n'est pas une entreprise qui développe du logiciel où les coûts sont relativement faibles. Nous concevons du hardware, d'où des coûts relativement élevés, qui plus est pour une petite entreprise qui alors ne disposait pas ou peu de fonds propres", explique-t-il. Et celui-ci de rappeler la difficulté de trouver des investisseurs qui, dans l'ensemble", "restent très frileux". Mais grâce au soutien d'Oséo, de la Drire et de la Région Languedoc-Roussillon, qui ont toujours su être présents, la petite entreprise ne tarde pas à se lancer dans le développement de BRIGIT, un premier robot dédié à la chirurgie orthopédique et, en particulier, à la pose de prothèse du genou. Contacté deux ans plus tard par le groupe américain Zimmer, leader mondial de la chirurgie orthopédique, Bertin Nahum finit par lui céder, en 2006, les brevets qui protégeait cette technologie. "Nous avons décidé alors de réinvestir une partie du fruit de cette transaction dans un nouveau projet visant à développer ROSA, un robot dédié à la neurochirurgie", indique-t-il. Là encore, Oséo soutient pleinement la PME montpelliéraine. Résultat, en l'espace de deux ans, ROSA voit le jour et les premiers exemplaires sont vendus, parallèlement à la publication des premiers articles scientifiques dans des revues internationales. Aujourd'hui, le robot ROSA est installé dans une quinzaine d'hôpitaux en France et à l'étranger.



ROSA, l'un des robots de Medtech, en fonctionnement au bloc opératoireCrédits : Medtech

La robotique chirurgicale : un mouvement inéluctable
En 2010, Medtech décide d'ouvrir son capital et d'y faire entrer un fonds d'investissement. "Autofinancer notre développement à l'international s'avérait très compliqué. Aussi avons-nous opté pour cette solution visant à faire appel à un fonds d'investissement qui nous apporte ainsi les moyens financiers nécessaires. D'où l'ouverture d'une structure à New York et le développement de nos ventes en particulier aux Etats-Unis, au Canada et en Chine", explique Bertin Nahum. Parallèlement, Medtech travaille au développement d'un troisième robot chirurgien dédié à la chirurgie du rachis, c'est-à-dire de la colonne vertébrale, avec pour objectif de permettre les premières opérations d'ici 12 à 15 mois. Cette famille va-t-elle encore grandir ? Le fondateur de Medtech estime que nous sommes au tout début d'un mouvement inéluctable, mouvement de pénétration très fort au sein du bloc opératoire. "La technologie ne va pas remplacer le chirurgien, dont le métier reste très artisanal, même s'il s'agit d'artisanat de très haut niveau. Elle va juste l'assister et lui garantir que quand il va implanter une vis par exemple, le travail sera réalisé avec la plus grande efficacité".

Alors qu'elle célèbre ses dix ans, Medtech finalise une importante augmentation de capital, avec l'objectif de doubler ses effectifs au cours des trois prochaines années. Les idées ne manquent et Bertin Nahum a encore pas mal de développements en devenir dans ses cartons. Des regrets à l'heure de faire le bilan d'une première décennie d'activités ? Pas vraiment, si ce n'est la difficulté, toujours très actuelle, de collaborer avec des laboratoires académiques. "Pour une petite entreprise comme Medtech, cela reste très difficile de parler de transfert de technologie et de propriété intellectuelle avec les universités, d'autant plus quand il s'agit de laboratoires habitués à travailler avec de grands groupes industriels et qui ont beaucoup de difficultés à se mettre au diapason des contraintes d'une PME ou d'une TPE", observe-t-il.

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