Le marquis de Pontcallec

Le 26 mars 1720 furent décapités à Nantes quatre nobliaux bretons,
parmi lesquels Chrisogone de Guer, marquis de Pontcallec. Ainsi
s'achevait une lamentable et étrange équipée, connue du grand public
depuis 1975 par le film de Tavernier « Que la fête commence ! », mais à
laquelle, dans un livre éblouissant, l'historien Joël Cornette donne
toute sa dimension. La « guerre » de Pontcallec, qui ne réunit que
quelques gentilshommes et paysans et ne donna lieu à aucun combat,
marque le dernier soubresaut de la revendication d'une noblesse de
province à la forte conscience identitaire et soucieuse de protéger ses
privilèges, qu'elle appelle « libertés », contre les empiètements du
pouvoir royal. Pontcallec, ancien capitaine de dragons, couvert de
dettes et reclus dans un manoir féodal menaçant ruine, remâche, dans
l'alcool, la chasse et les grimoires, l'amertume d'un déclassé fier de
sa glorieuse ascendance. Lui montent à la tête des visions de nation
armorique, débarrassée de la tutelle royale. Mais l'aide attendue de
l'Espagne et la mobilisation espérée de l'aristocratie bretonne ne
se
produisent pas, et le « Don Quichotte à la mode de Bretagne », errant
sous une défroque de paysan, est arrêté dans un grenier et condamné
pour lèse-majesté et félonie sur ordre du Régent, Philippe d'Orléans.
Est demeurée, dans des complaintes locales, l'image d'un saint martyr
de l'identité bretonne
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